Chers frères et sœurs,
Les textes bibliques des précédents dimanches de Carême, souvenez-vous, nous ont relaté, tour à tour, les grandes Alliances divines qu’a connues le peuple de Dieu tout au long de son histoire.
L’Alliance avec Noé (1er dimanche de Carême) dont l’arc en ciel demeure un signe universel pour tout homme de bonne volonté.
L’Alliance avec Abraham (2e dimanche de Carême) dont l’élection demeure un signe de bénédiction pour toutes les générations de croyants.
L’Alliance au Sinaï, conclue avec Moïse et dont les exigences ont été concrètement promulguées dans le don de la Loi : les Dix Commandements (3e dimanche de Carême).
Alliance rompue par le péché des hommes mais explicitement restaurée dans le signe du retour providentiel du Peuple juif en terre Promise, suite à son exil à Babylone (4e dimanche de Carême).
Et voici qu’aujourd’hui (5e dimanche de Carême), le prophète Jérémie annonce une nouvelle Alliance, dont les exigences ne seront non plus inscrites sur des tables de pierre, mais au plus profond des cœurs, là où la voix de Dieu « s’auto-révèle » à notre conscience, quelle que soit l’envergure de notre instruction religieuse. En effet, dit le prophète : « Tous, du plus grand au plus petit, me connaîtront. »
Aussi, quand parallèlement à cet oracle du prophète Jérémie, l’Évangile d’aujourd’hui nous apprend que même des grecs, à l’occasion de leur pèlerinage à Jérusalem pour fêter la Pâque juive, ont pertinemment cherché à « voir » Jésus, on peut légitimement interpréter leur requête comme un signe des temps, autrement dit, comme un signe attestant que le temps de cette Alliance nouvelle, dont le prophète Jérémie parlait, a bel et bien commencé : « Tous me connaîtront » ; Tous : c’est-à-dire non seulement les croyants de culture juive que les croyants de culture grecque. En Jésus, écrira saint Paul aux Romains : « Il n’y a plus ni juifs ni grecs. »
Quand un homme qui croit en Dieu, de quelque nationalité qu’il soit, demande à voir Jésus, c’est plutôt bon signe. Dans l’Évangile de Jean, en effet, le verbe « voir » est bien souvent synonyme du verbe « croire ». La démarche de ces grecs désireux de croire en Jésus inaugure ainsi l’accomplissement des paroles de Jésus que nous avons entendues dans la conclusion de notre évangile : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »
Spontanément, nous pourrions penser que Jésus faisait alors allusion à son Ascension à la droite du Père, comme nous le proclamons chaque dimanche au cours du Credo.
Mais saint Jean prend bien soin d’expliciter les propos de Jésus en précisant aussitôt : « Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir. »
Pour saint Jean, la Croix est donc un signe levé destiné à rassembler toutes les nations autour du Christ. Pour saint Jean, la mort de Jésus est un signe qui atteste, par la rémission des péchés qu’elle apporte à l’humanité, que l’heure de l’Alliance nouvelle et éternelle est enfin arrivée. C’est ce que nous chanterons au cours de l’Office du Vendredi Saint : « Voici le bois de la Croix qui a porté le salut du monde. » Comme un grain de blé est semé en terre pour donner du fruit, le don que Jésus a fait de sa propre vie a donné au monde la joie d’un salut éternel.
Bien que Fils de Dieu, bien que pouvant, de ce fait, échapper à l’angoisse et au supplice de la Croix, Jésus n’a cependant pas revendiqué à Dieu-son-Père le droit d’être traité comme son égal. Mais au contraire, en signe d’amour et de réconciliation envers la multitude des hommes, en signe, également, d’obéissance filiale à la volonté du Père qui veut que tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance de la vérité, Jésus a préféré être solidairement associé, jusqu’au bout, aux cris et aux larmes propres à la souffrance humaine.
Et c’est précisément en vertu de cet acte d’humilité, enveloppé d’amour et d’obéissance, que Jésus a obtenu, pour lui-même et l’ensemble de son Corps mystique qui est l’Église, la grâce du salut éternel. C’était tout le sens de ce passage difficile de la Lettre aux Hébreux que nous avons entendue en deuxième lecture.
Pour nous, qui voulons nous aussi « voir » Jésus, croire en lui davantage pour encore mieux le servir, méditons donc ce mystère de solidarité que Jésus a voulu éprouver jusqu’au bout. « Si quelqu’un me sert, nous a dit Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui, mon Père l’honorera. » Servons donc Jésus, en faisant preuve, comme lui, de solidarité envers nos frères, dans la fécondité de la foi qui aime et de l’amour qui croit. AMEN.
dimanche 29 mars 2009
dimanche 22 mars 2009
4e Dimanche in Quadragesima - B
Chers frères et sœurs,
La page de l’évangile que nous venons d’entendre provient d’une conversation que Jésus eût avec un juif, un pharisien appelé Nicodème.
Nicodème était un Docteur de la Loi. Aux yeux de la société juive d’alors, il passait donc pour une personne hautement qualifiée dans l’art d’interpréter les Saintes Écritures. Aussi, bien qu’ayant une certaine ouverture d’esprit vis-à-vis de Jésus, c’est néanmoins à la faveur de l’obscurité de la nuit, qu’il préférait discrètement rencontrer le Christ et écouter sa Parole.
Pour saint Jean, qui en a conservé le souvenir dans son évangile, cet entretien nocturne, entre Jésus et Nicodème, est d’une importance capitale, car il constitue, pour ainsi dire, comme la première catéchèse baptismale de l’histoire. Puisqu’en effet, c’est au terme de cet entretien secret que Jésus révéla à Nicodème la nécessité de renaître de l’eau et de l’Esprit-Saint pour avoir part à la Vie éternelle. Dans l’Évangile de Jean, Nicodème nous est donc présenté comme la figure, le type même du catéchumène, autrement dit le type même d’une personne appelée à passer de l’obscurité du péché à la lumière d’une vie sainte. Aussi, pourquoi pas, dans le cadre de notre préparation spirituelle de Carême à la revification de notre propre grâce baptismale, au cours de la Vigile pascale, n’hésitez surtout pas, d’ici là, à relire l’intégralité de cet entretien.
Pour l’heure, j’aimerais seulement m’attarder sur UN verset de ce texte, sur un verset qui m’apparaît comme un abrégé essentiel de notre foi en Jésus-Christ : « Dieu (je cite ce verset) a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Ainsi, tout homme, qui croit en lui, ne périra pas mais il obtiendra la Vie éternelle. »
« Dieu a tant aimé le monde. » Saint Paul, dans la deuxième lecture que la traduction liturgique a malheureusement édulcorée, nous parle même du « trop grand amour de Dieu » (niam caritatem)…
Dieu, nous pouvons le concevoir par la Raison, a créé le monde par amour. Par pure gratuité d’amour. Mais ce que la Foi nous enseigne, en revanche, à travers ce verset de l’Évangile, c’est cette intensité d’amour que Dieu a pour le monde. Dieu est tellement épris d’amour pour sa création, pour chacune de ses créatures, qu’il ne peut pas se résigner à nous abandonner au pouvoir de la mort et du péché. Et ce paroxysme d’amour, en Dieu, cela s’appelle de la miséricorde. Dans le mot miséricorde, il y a le mot « misère » et le mot « cœur ». Dieu est miséricordieux car il est celui dont le cœur s’ouvre à notre misère. Ce que Jésus, précisément, a concrètement manifesté sur le bois de la Croix, dans l’événement de son cœur transpercé… La foi en la miséricorde de Dieu est donc la clé indispensable pour nous ouvrir à l’intelligence des Écritures, et à travers celles-ci, à la compréhension des grands événements de l’histoire du peuple de Dieu, qu’il s’agisse de son retour d’exil, comme dans la première lecture ou même de l’épisode du Serpent de bronze (raconté dans le Livre des Nombres) auquel Jésus fait lui-même allusion, comme nous l’avons entendu au début de l’Évangile.
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Ainsi, tout homme qui croit en lui, ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. » Dans le don de son Fils unique, Dieu nous manifeste ainsi la richesse de sa miséricorde, la richesse infinie de sa grâce qu’il nous demande d’accueillir par un véritable acte de foi, c’est-à-dire par un acte de foi capable, en retour, de faire la lumière dans notre vie, d’incarner le Bien au cœur de notre propre existence, de telle sorte, que nos œuvres soient effectivement reconnues comme des œuvres de Dieu, comme des œuvres de miséricorde.
La perfection divine à laquelle Dieu nous appelle est donc celle de la miséricorde. « Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est lui-même miséricordieux », dira justement Jésus par ailleurs.
Alors que nous arrivons à la moitié de notre chemin vers la joie de Pâques, soyons attentifs, chers frères et sœurs, dans nos efforts de Carême, soyons attentifs a particulièrement nous convertir à la miséricorde de Dieu : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde ! »
AMEN.
La page de l’évangile que nous venons d’entendre provient d’une conversation que Jésus eût avec un juif, un pharisien appelé Nicodème.
Nicodème était un Docteur de la Loi. Aux yeux de la société juive d’alors, il passait donc pour une personne hautement qualifiée dans l’art d’interpréter les Saintes Écritures. Aussi, bien qu’ayant une certaine ouverture d’esprit vis-à-vis de Jésus, c’est néanmoins à la faveur de l’obscurité de la nuit, qu’il préférait discrètement rencontrer le Christ et écouter sa Parole.
Pour saint Jean, qui en a conservé le souvenir dans son évangile, cet entretien nocturne, entre Jésus et Nicodème, est d’une importance capitale, car il constitue, pour ainsi dire, comme la première catéchèse baptismale de l’histoire. Puisqu’en effet, c’est au terme de cet entretien secret que Jésus révéla à Nicodème la nécessité de renaître de l’eau et de l’Esprit-Saint pour avoir part à la Vie éternelle. Dans l’Évangile de Jean, Nicodème nous est donc présenté comme la figure, le type même du catéchumène, autrement dit le type même d’une personne appelée à passer de l’obscurité du péché à la lumière d’une vie sainte. Aussi, pourquoi pas, dans le cadre de notre préparation spirituelle de Carême à la revification de notre propre grâce baptismale, au cours de la Vigile pascale, n’hésitez surtout pas, d’ici là, à relire l’intégralité de cet entretien.
Pour l’heure, j’aimerais seulement m’attarder sur UN verset de ce texte, sur un verset qui m’apparaît comme un abrégé essentiel de notre foi en Jésus-Christ : « Dieu (je cite ce verset) a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Ainsi, tout homme, qui croit en lui, ne périra pas mais il obtiendra la Vie éternelle. »
« Dieu a tant aimé le monde. » Saint Paul, dans la deuxième lecture que la traduction liturgique a malheureusement édulcorée, nous parle même du « trop grand amour de Dieu » (niam caritatem)…
Dieu, nous pouvons le concevoir par la Raison, a créé le monde par amour. Par pure gratuité d’amour. Mais ce que la Foi nous enseigne, en revanche, à travers ce verset de l’Évangile, c’est cette intensité d’amour que Dieu a pour le monde. Dieu est tellement épris d’amour pour sa création, pour chacune de ses créatures, qu’il ne peut pas se résigner à nous abandonner au pouvoir de la mort et du péché. Et ce paroxysme d’amour, en Dieu, cela s’appelle de la miséricorde. Dans le mot miséricorde, il y a le mot « misère » et le mot « cœur ». Dieu est miséricordieux car il est celui dont le cœur s’ouvre à notre misère. Ce que Jésus, précisément, a concrètement manifesté sur le bois de la Croix, dans l’événement de son cœur transpercé… La foi en la miséricorde de Dieu est donc la clé indispensable pour nous ouvrir à l’intelligence des Écritures, et à travers celles-ci, à la compréhension des grands événements de l’histoire du peuple de Dieu, qu’il s’agisse de son retour d’exil, comme dans la première lecture ou même de l’épisode du Serpent de bronze (raconté dans le Livre des Nombres) auquel Jésus fait lui-même allusion, comme nous l’avons entendu au début de l’Évangile.
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Ainsi, tout homme qui croit en lui, ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. » Dans le don de son Fils unique, Dieu nous manifeste ainsi la richesse de sa miséricorde, la richesse infinie de sa grâce qu’il nous demande d’accueillir par un véritable acte de foi, c’est-à-dire par un acte de foi capable, en retour, de faire la lumière dans notre vie, d’incarner le Bien au cœur de notre propre existence, de telle sorte, que nos œuvres soient effectivement reconnues comme des œuvres de Dieu, comme des œuvres de miséricorde.
La perfection divine à laquelle Dieu nous appelle est donc celle de la miséricorde. « Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est lui-même miséricordieux », dira justement Jésus par ailleurs.
Alors que nous arrivons à la moitié de notre chemin vers la joie de Pâques, soyons attentifs, chers frères et sœurs, dans nos efforts de Carême, soyons attentifs a particulièrement nous convertir à la miséricorde de Dieu : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde ! »
AMEN.
lundi 16 mars 2009
3e Dimanche in Quadragesima - B
Chers frères et sœurs,
L’Évangile de ce troisième dimanche de Carême vient de nous relater l’expulsion des marchands du Temple. La scène, en vérité, ne s’est pas déroulée dans le Temple lui-même mais à l’intérieur de son enceinte que l’on appelait le « Parvis des Gentils ». Ce dernier était tout de même un espace sacré car le Parvis des Gentils était un lieu de prière exclusivement réservé aux croyants des autres nations, c’est-à-dire à tous ceux qui, bien que non-juifs, reconnaissaient, néanmoins, et la foi d’Israël en un Dieu unique et la sainteté de ses commandements, ceux-là mêmes que nous avons entendus au cours de la première lecture. En ce sens, le parvis des Gentils symbolisait l’universalisme du Salut dont Isaïe, cinq ou six siècles auparavant, s’était fait le porte-parole (cf. Is., 2, 1-5). En chassant les marchands du Temple, Jésus accomplit ainsi un geste symbolique fort : il restitue le Parvis des Gentils à sa véritable fonction : être un lieu de prière pour les étrangers parvenus au seuil de la foi d’Israël.
Mais si on peut ainsi expliciter la raison de son geste, tous les témoins de la scène, en revanche, se posent immédiatement des questions quant à la légalité de son intervention. En effet, si Jésus a certes chassé les marchands du Temple pour une cause religieusement juste, son intervention, plutôt musclée, était-elle cependant légitime ? Eh oui ! Car il ne suffit pas d’avoir raison pour rendre soi-même la justice…
D’ailleurs, les Apôtres ont du se poser eux-mêmes la question puisque saint Jean nous dit qu’ils se sont aussitôt expliqués l’intervention de Jésus à partir d’une parole d’un psaume qui leur est revenu en mémoire, le psaume 68 (v.10) qui disait : « L’amour de ta maison fera mon tourment. » Autrement dit, à ce moment là, pour les Apôtres, la réaction énergique de Jésus était à mettre sur le compte « d’une folie d’amour » pour la Maison du Seigneur.
Mais pour les autres Juifs, la chose ne va pas si facilement de soi. Aussi demandent-ils un signe à Jésus pour justifier immédiatement l’autorité énergique dont il vient de faire preuve.
Et là, Jésus leur donne une parole énigmatique : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai. » Mais les Juifs, et qui pourrait le leur reprocher, n’ont pas alors compris la portée symbolique et prophétique de ces paroles.
Paroles symboliques, en effet, car, comme nous le précise saint Jean, le véritable Temple auquel Jésus faisait alors allusion, était en fait son propre corps, son corps humain, puisqu’en lui, étant vrai Dieu et vrai homme, habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col., 3, 20).
Mais aussi, les paroles de Jésus comportaient une signification prophétique : elles faisaient par avance allusion à son relèvement d’entre les morts, le troisième jour, après sa mise à mort sur la croix.
Bref, les paroles de Jésus exprimaient donc, obscurément, en figures, de manière énigmatique, pourrait-on dire, les mystères de son Incarnation, de sa Passion et de sa Résurrection. De sa Résurrection d’entre les morts qui s’imposera, par excellence, comme le SIGNE indubitable attestant sa toute puissance divine. La preuve, c’est que Jésus ne dit pas : « Détruisez ce Temple et Dieu le relèvera le troisième jour. » Mais : « Détruisez ce Temple et [Moi], JE le relèverai le troisième jour. »
À la lumière de notre foi en Jésus ressuscité, nous pouvons donc comprendre que l’autorité en vertu de laquelle Jésus a chassé les marchands du Temple était donc comparable à l’autorité même du Seigneur, le Dieu Tout-Puissant d’Israël. Quand nous lisons que Jésus a chassé les marchands du Temple, il faut en réalité comprendre quà travers cet événement, c’est le propre Fils de Dieu qui a fait le ménage dans la Maison de son Père et ce, afin que les païens puissent de nouveau venir y prier.
Pour nous, qui sommes chrétiens, la Maison du Père, c’est l’Église, Corps mystique du Christ. Mystérieuse réalité où toutes les nations, unies dans la foi et la grâce d’un même baptême, peuvent venir adorer et prier le Seigneur. Et l’Évangile que nous venons d’entendre a, par conséquent, de quoi nous interroger…
D’abord, quelle est notre vision de l’Église catholique ? Est-elle pour nous un piédestal pour réaliser des ambitions personnelles ou un désir quelconque de reconnaissance ? Ou bien est-elle un lieu sacré, de communion et d’amour, où nul n’est de trop, où tous et chacun peuvent exercer leurs apostolats respectifs et vivre ainsi de l’Évangile ? (Cf. Lumen Gentium 20.)
Deuxièmement, sommes-nous nous-mêmes suffisamment « dévorés d’amour » pour l’Église comme le Seigneur l’était lui-même pour le Temple ? Avons-nous suffisamment de « zèle apostolique » pour fraternellement corriger ceux d’entre-nous dont l’attrait de l’argent, les contre-témoignages ou les mauvais exemples, pourraient empêcher d’autres personnes de rejoindre la foi de l’Église ?
Pour ce troisième dimanche de Carême, voilà deux bonnes questions à méditer pour éventuellement convertir notre regard sur le mystère de l’Église. AMEN.
L’Évangile de ce troisième dimanche de Carême vient de nous relater l’expulsion des marchands du Temple. La scène, en vérité, ne s’est pas déroulée dans le Temple lui-même mais à l’intérieur de son enceinte que l’on appelait le « Parvis des Gentils ». Ce dernier était tout de même un espace sacré car le Parvis des Gentils était un lieu de prière exclusivement réservé aux croyants des autres nations, c’est-à-dire à tous ceux qui, bien que non-juifs, reconnaissaient, néanmoins, et la foi d’Israël en un Dieu unique et la sainteté de ses commandements, ceux-là mêmes que nous avons entendus au cours de la première lecture. En ce sens, le parvis des Gentils symbolisait l’universalisme du Salut dont Isaïe, cinq ou six siècles auparavant, s’était fait le porte-parole (cf. Is., 2, 1-5). En chassant les marchands du Temple, Jésus accomplit ainsi un geste symbolique fort : il restitue le Parvis des Gentils à sa véritable fonction : être un lieu de prière pour les étrangers parvenus au seuil de la foi d’Israël.
Mais si on peut ainsi expliciter la raison de son geste, tous les témoins de la scène, en revanche, se posent immédiatement des questions quant à la légalité de son intervention. En effet, si Jésus a certes chassé les marchands du Temple pour une cause religieusement juste, son intervention, plutôt musclée, était-elle cependant légitime ? Eh oui ! Car il ne suffit pas d’avoir raison pour rendre soi-même la justice…
D’ailleurs, les Apôtres ont du se poser eux-mêmes la question puisque saint Jean nous dit qu’ils se sont aussitôt expliqués l’intervention de Jésus à partir d’une parole d’un psaume qui leur est revenu en mémoire, le psaume 68 (v.10) qui disait : « L’amour de ta maison fera mon tourment. » Autrement dit, à ce moment là, pour les Apôtres, la réaction énergique de Jésus était à mettre sur le compte « d’une folie d’amour » pour la Maison du Seigneur.
Mais pour les autres Juifs, la chose ne va pas si facilement de soi. Aussi demandent-ils un signe à Jésus pour justifier immédiatement l’autorité énergique dont il vient de faire preuve.
Et là, Jésus leur donne une parole énigmatique : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai. » Mais les Juifs, et qui pourrait le leur reprocher, n’ont pas alors compris la portée symbolique et prophétique de ces paroles.
Paroles symboliques, en effet, car, comme nous le précise saint Jean, le véritable Temple auquel Jésus faisait alors allusion, était en fait son propre corps, son corps humain, puisqu’en lui, étant vrai Dieu et vrai homme, habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col., 3, 20).
Mais aussi, les paroles de Jésus comportaient une signification prophétique : elles faisaient par avance allusion à son relèvement d’entre les morts, le troisième jour, après sa mise à mort sur la croix.
Bref, les paroles de Jésus exprimaient donc, obscurément, en figures, de manière énigmatique, pourrait-on dire, les mystères de son Incarnation, de sa Passion et de sa Résurrection. De sa Résurrection d’entre les morts qui s’imposera, par excellence, comme le SIGNE indubitable attestant sa toute puissance divine. La preuve, c’est que Jésus ne dit pas : « Détruisez ce Temple et Dieu le relèvera le troisième jour. » Mais : « Détruisez ce Temple et [Moi], JE le relèverai le troisième jour. »
À la lumière de notre foi en Jésus ressuscité, nous pouvons donc comprendre que l’autorité en vertu de laquelle Jésus a chassé les marchands du Temple était donc comparable à l’autorité même du Seigneur, le Dieu Tout-Puissant d’Israël. Quand nous lisons que Jésus a chassé les marchands du Temple, il faut en réalité comprendre quà travers cet événement, c’est le propre Fils de Dieu qui a fait le ménage dans la Maison de son Père et ce, afin que les païens puissent de nouveau venir y prier.
Pour nous, qui sommes chrétiens, la Maison du Père, c’est l’Église, Corps mystique du Christ. Mystérieuse réalité où toutes les nations, unies dans la foi et la grâce d’un même baptême, peuvent venir adorer et prier le Seigneur. Et l’Évangile que nous venons d’entendre a, par conséquent, de quoi nous interroger…
D’abord, quelle est notre vision de l’Église catholique ? Est-elle pour nous un piédestal pour réaliser des ambitions personnelles ou un désir quelconque de reconnaissance ? Ou bien est-elle un lieu sacré, de communion et d’amour, où nul n’est de trop, où tous et chacun peuvent exercer leurs apostolats respectifs et vivre ainsi de l’Évangile ? (Cf. Lumen Gentium 20.)
Deuxièmement, sommes-nous nous-mêmes suffisamment « dévorés d’amour » pour l’Église comme le Seigneur l’était lui-même pour le Temple ? Avons-nous suffisamment de « zèle apostolique » pour fraternellement corriger ceux d’entre-nous dont l’attrait de l’argent, les contre-témoignages ou les mauvais exemples, pourraient empêcher d’autres personnes de rejoindre la foi de l’Église ?
Pour ce troisième dimanche de Carême, voilà deux bonnes questions à méditer pour éventuellement convertir notre regard sur le mystère de l’Église. AMEN.
lundi 9 mars 2009
2e Dimanche in Quadragesima - B
Chers frères et sœurs,
La première phrase de l’Évangile peut prêter à sourire : « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il les amena sur une haute montagne. » En effet, le mont Thabor, que l’on pense être le lieu de la Transfiguration, est loin d’être une haute montagne comme nous pouvons, par exemple, en connaître en Savoie. C’est plutôt une belle colline qui émerge d’une large plaine environnante et atteint environ six cents mètres d’altitude.
Toutefois, si saint Marc nous parle d’une haute montagne, ce n’est ni pour embellir les souvenirs qu’il tient de saint Pierre, ni pour nous induire en erreur. Le propos de l’évangéliste vise plutôt à placer l’événement de la Transfiguration de Jésus dans l’univers symbolique des manifestations – des visites - du Seigneur à son Peuple. Ainsi, ce qui se déroule sur le mont Thabor, devant Pierre, Jacques et Jean, est du même ordre que ce qui s’était déroulé au mont Moriah, pour le sacrifice d’Abraham, puis au Sinaï avec Moïse, ou bien à l’Horeb avec Élie : Dieu visite son Peuple en se révélant à quelques privilégiés, à l’écart, dans des endroits difficilement accessibles, loin du tumulte, là où lui-même aimait se retirer pour prier. Aujourd’hui, c’est pour que les trois apôtres deviennent les témoins de sa Gloire, autrement dit les témoins de son plan de salut à l’égard de toutes les nations de la terre. Car, comme l’enseignait, au deuxième siècle, saint Irénée : « La Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. »
Aussi, à travers le visage transfiguré de Jésus, dont Pierre Jacques et Jean ont été les témoins oculaires, rayonne pour tous les hommes la connaissance de notre salut, autrement dit la connaissance de la Gloire divine à laquelle Dieu nous destine, en vertu de l’intercession du Christ, comme saint Paul nous le rappelait dans la deuxième lecture. Car si le Christ, en donnant sa vie par amour des hommes, a non seulement mérité la Glorification de son propre corps, il a également mérité celle de son Corps mystique qui est l’Église, puisque, comme nous le rappelle le concile Vatican II : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme. » (Cf. Gaudium et spes 22.)
La Transfiguration de Jésus est donc à comprendre comme une manifestation anticipée de la Gloire divine que le Christ tient de son Père, comme Fils unique. Manifestation que l’on dit « anticipée » par rapport aux mérites de sa passion et à la récompense de sa résurrection d’entre les morts qui en découle.
Mais si le Christ, avant l’heure « officielle », pour ainsi dire, anticipe la manifestation de sa Gloire, c’est justement pour nous encourager nous-mêmes à surmonter le scandale de la croix, le scandale de la souffrance humaine, le scandale de nos propres souffrances, quelles qu’elles soient.
En effet, bien qu’il n’y ait pas, en chacune de nos vies, de Dimanche de Pâques sans Vendredi-Saint, tout homme, néanmoins, grâce à Jésus-Christ, a l’assurance d’être appelé à une plénitude de bonheur, à une plénitude de vie avec Dieu.
Et c’est cette perspective-là, cette perspective du salut déjà accompli en Jésus-Christ, qui doit, précisément, susciter notre adhésion personnelle à sa Parole et nous permettre, ainsi, dans l’espérance de la foi, d’accueillir au cœur de notre vie le salut qu’il nous propose, à tous et à chacun… même si nous ne comprenons pas tout, à l’exemple des Apôtres, qui, nous précise saint Marc, sont redescendus de la montagne en se demandant en eux-mêmes ce que « Ressusciter des morts » pouvait bien vouloir dire…
L’Évangile d’aujourd’hui, chers frères et sœurs, est donc à recevoir comme un encouragement personnel, pour nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. À la suite du Christ, qui, seul, et LUI SEUL, est capable de transfigurer notre quotidien, capable aussi d’illuminer nos peines, en nous révélant la Gloire divine qu’il nous a acquise par son incarnation-rédemptrice… et qui, déjà, pour nous, resplendit sur sa face transfigurée. C’est ta face Seigneur que je cherche, ne me cache pas ton visage car mes yeux espèrent ton salut. Que ce temps de Carême soit pour tous l’occasion de rechercher la face de Dieu, particulièrement en venant en aide aux plus petits, à tous les nécessiteux de la vie à qui Jésus s’identifie.
AMEN.
La première phrase de l’Évangile peut prêter à sourire : « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il les amena sur une haute montagne. » En effet, le mont Thabor, que l’on pense être le lieu de la Transfiguration, est loin d’être une haute montagne comme nous pouvons, par exemple, en connaître en Savoie. C’est plutôt une belle colline qui émerge d’une large plaine environnante et atteint environ six cents mètres d’altitude.
Toutefois, si saint Marc nous parle d’une haute montagne, ce n’est ni pour embellir les souvenirs qu’il tient de saint Pierre, ni pour nous induire en erreur. Le propos de l’évangéliste vise plutôt à placer l’événement de la Transfiguration de Jésus dans l’univers symbolique des manifestations – des visites - du Seigneur à son Peuple. Ainsi, ce qui se déroule sur le mont Thabor, devant Pierre, Jacques et Jean, est du même ordre que ce qui s’était déroulé au mont Moriah, pour le sacrifice d’Abraham, puis au Sinaï avec Moïse, ou bien à l’Horeb avec Élie : Dieu visite son Peuple en se révélant à quelques privilégiés, à l’écart, dans des endroits difficilement accessibles, loin du tumulte, là où lui-même aimait se retirer pour prier. Aujourd’hui, c’est pour que les trois apôtres deviennent les témoins de sa Gloire, autrement dit les témoins de son plan de salut à l’égard de toutes les nations de la terre. Car, comme l’enseignait, au deuxième siècle, saint Irénée : « La Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. »
Aussi, à travers le visage transfiguré de Jésus, dont Pierre Jacques et Jean ont été les témoins oculaires, rayonne pour tous les hommes la connaissance de notre salut, autrement dit la connaissance de la Gloire divine à laquelle Dieu nous destine, en vertu de l’intercession du Christ, comme saint Paul nous le rappelait dans la deuxième lecture. Car si le Christ, en donnant sa vie par amour des hommes, a non seulement mérité la Glorification de son propre corps, il a également mérité celle de son Corps mystique qui est l’Église, puisque, comme nous le rappelle le concile Vatican II : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme. » (Cf. Gaudium et spes 22.)
La Transfiguration de Jésus est donc à comprendre comme une manifestation anticipée de la Gloire divine que le Christ tient de son Père, comme Fils unique. Manifestation que l’on dit « anticipée » par rapport aux mérites de sa passion et à la récompense de sa résurrection d’entre les morts qui en découle.
Mais si le Christ, avant l’heure « officielle », pour ainsi dire, anticipe la manifestation de sa Gloire, c’est justement pour nous encourager nous-mêmes à surmonter le scandale de la croix, le scandale de la souffrance humaine, le scandale de nos propres souffrances, quelles qu’elles soient.
En effet, bien qu’il n’y ait pas, en chacune de nos vies, de Dimanche de Pâques sans Vendredi-Saint, tout homme, néanmoins, grâce à Jésus-Christ, a l’assurance d’être appelé à une plénitude de bonheur, à une plénitude de vie avec Dieu.
Et c’est cette perspective-là, cette perspective du salut déjà accompli en Jésus-Christ, qui doit, précisément, susciter notre adhésion personnelle à sa Parole et nous permettre, ainsi, dans l’espérance de la foi, d’accueillir au cœur de notre vie le salut qu’il nous propose, à tous et à chacun… même si nous ne comprenons pas tout, à l’exemple des Apôtres, qui, nous précise saint Marc, sont redescendus de la montagne en se demandant en eux-mêmes ce que « Ressusciter des morts » pouvait bien vouloir dire…
L’Évangile d’aujourd’hui, chers frères et sœurs, est donc à recevoir comme un encouragement personnel, pour nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. À la suite du Christ, qui, seul, et LUI SEUL, est capable de transfigurer notre quotidien, capable aussi d’illuminer nos peines, en nous révélant la Gloire divine qu’il nous a acquise par son incarnation-rédemptrice… et qui, déjà, pour nous, resplendit sur sa face transfigurée. C’est ta face Seigneur que je cherche, ne me cache pas ton visage car mes yeux espèrent ton salut. Que ce temps de Carême soit pour tous l’occasion de rechercher la face de Dieu, particulièrement en venant en aide aux plus petits, à tous les nécessiteux de la vie à qui Jésus s’identifie.
AMEN.
lundi 2 mars 2009
1er Dimanche in Quadragesima - B
Chers frères et sœurs,
Depuis mercredi dernier, Mercredi des Cendres, nous sommes « entrés » dans le Temps du Carême. Le mot Carême vient du latin « quadragesima » qui veut dire quarantaine. Le temps du Carême est donc un temps d’une quarantaine de jours destinés à préparer nos cœurs jusqu’à la grande et belle nuit de Pâques au cours de laquelle nous célèbrerons la Résurrection du Christ. Ce sera ainsi l’occasion de raviver en nous la grâce de notre propre baptême, le don de l’Esprit-Saint qui, comme saint Pierre nous l’affirmait dans la deuxième lecture, nous fait participer, dès ici-bas, à la résurrection et à la glorification de Jésus.
Mais participer à la résurrection et à la glorification de Jésus, c’est prendre conscience et accepter, également, de mettre nos pas à la suite du Christ, autrement dit, accepter de s’engager dans le sillage de sa vocation rédemptrice. Car il n’y a pas de Dimanche de Pâques sans Vendredi Saint.
S’engager dans le sillage de la vocation rédemptrice du Christ, c’est donc, comme nous le disait à nouveau saint Pierre dans la deuxième lecture, c’est s’engager envers Dieu avec une conscience droite. S’engager envers Dieu avec une conscience droite, c’est s’engager en toute loyauté dans l’Alliance divine que le Seigneur nous propose CONTRE celui que Jésus appelle Satan : le Tentateur de l’homme, celui qui, par jalousie à cause de la gloire qui nous est promise en Jésus-Christ, souhaite tous nous dérouter et nous détourner dans la révolte, la violence et l’impasse du péché, à l’exemple des contemporains de Noé.
Mais alors en quoi, précisément, consiste notre engagement dans l’Alliance divine ?
La conclusion de l’Évangile d’aujourd’hui nous l’enseigne par la bouche même de Jésus : Il faut se convertir au Règne de Dieu et croire à l’Évangile. Deux paroles du Christ qui, précisément, avec l’imposition des cendres, constituent le rite liturgique et symbolique de l’Entrée du chrétien en Carême.
Mais que signifient, exactement, ces deux paroles : Se convertir au Règne de Dieu et croire à l’Évangile ?
Se convertir au Règne de Dieu, c’est accepter de se laisser retourner par l’amour de Dieu, lui qui est le créateur de la vie, de notre vie. C’est accepter de se mettre au service du bien en faisant soi-même ce qui est bien à ses yeux. Bref, se convertir au Règne de Dieu, c’est accepter qu’advienne le Bien dans notre vie, quitte pour cela, à se détourner radicalement d’habitudes ou d’attitudes que l’on sait (par la conscience morale) ou que Dieu nous révèle (par les Dix commandements) diamétralement opposées à notre bonheur véritable.
Enfin, croire à l’Évangile, c’est accepter de fixer nos yeux sur Jésus-Christ et croire, à travers les faits et gestes qui ont jalonné son existence terrestre que, quelles que soient les infidélités de l’homme, nos infidélités, Dieu ne nous retire jamais la possibilité de nous réconcilier avec lui. Dieu ne nous retire jamais le bénéfice de l’Alliance divine qu’il nous propose.
Chers frères et sœurs, que l’homélie de ce premier dimanche de Carême devienne pour nous l’occasion d’opter librement sur l’orientation décisive que nous voulons donner à notre existence. Profitons de ces quarante jours de Carême pour incarner concrètement, avec une conscience droite, notre engagement envers Dieu. Particulièrement à travers les trois efforts traditionnellement constitutifs du Carême :
1. Le jeûne, pour prendre conscience et attester au monde que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole de Dieu.
2. La prière, pour prendre conscience et attester au monde qu’on ne peut pas réussir sa vie sans prendre du temps avec Dieu et pour Dieu.
3. L’aumône et le partage, pour prendre conscience et attester au monde que l’homme est essentiellement appelé au don, au don de soi.
Que le Seigneur nous accorde, à tous et à chacun, un bon et saint Carême 2009 ! AMEN.
Depuis mercredi dernier, Mercredi des Cendres, nous sommes « entrés » dans le Temps du Carême. Le mot Carême vient du latin « quadragesima » qui veut dire quarantaine. Le temps du Carême est donc un temps d’une quarantaine de jours destinés à préparer nos cœurs jusqu’à la grande et belle nuit de Pâques au cours de laquelle nous célèbrerons la Résurrection du Christ. Ce sera ainsi l’occasion de raviver en nous la grâce de notre propre baptême, le don de l’Esprit-Saint qui, comme saint Pierre nous l’affirmait dans la deuxième lecture, nous fait participer, dès ici-bas, à la résurrection et à la glorification de Jésus.
Mais participer à la résurrection et à la glorification de Jésus, c’est prendre conscience et accepter, également, de mettre nos pas à la suite du Christ, autrement dit, accepter de s’engager dans le sillage de sa vocation rédemptrice. Car il n’y a pas de Dimanche de Pâques sans Vendredi Saint.
S’engager dans le sillage de la vocation rédemptrice du Christ, c’est donc, comme nous le disait à nouveau saint Pierre dans la deuxième lecture, c’est s’engager envers Dieu avec une conscience droite. S’engager envers Dieu avec une conscience droite, c’est s’engager en toute loyauté dans l’Alliance divine que le Seigneur nous propose CONTRE celui que Jésus appelle Satan : le Tentateur de l’homme, celui qui, par jalousie à cause de la gloire qui nous est promise en Jésus-Christ, souhaite tous nous dérouter et nous détourner dans la révolte, la violence et l’impasse du péché, à l’exemple des contemporains de Noé.
Mais alors en quoi, précisément, consiste notre engagement dans l’Alliance divine ?
La conclusion de l’Évangile d’aujourd’hui nous l’enseigne par la bouche même de Jésus : Il faut se convertir au Règne de Dieu et croire à l’Évangile. Deux paroles du Christ qui, précisément, avec l’imposition des cendres, constituent le rite liturgique et symbolique de l’Entrée du chrétien en Carême.
Mais que signifient, exactement, ces deux paroles : Se convertir au Règne de Dieu et croire à l’Évangile ?
Se convertir au Règne de Dieu, c’est accepter de se laisser retourner par l’amour de Dieu, lui qui est le créateur de la vie, de notre vie. C’est accepter de se mettre au service du bien en faisant soi-même ce qui est bien à ses yeux. Bref, se convertir au Règne de Dieu, c’est accepter qu’advienne le Bien dans notre vie, quitte pour cela, à se détourner radicalement d’habitudes ou d’attitudes que l’on sait (par la conscience morale) ou que Dieu nous révèle (par les Dix commandements) diamétralement opposées à notre bonheur véritable.
Enfin, croire à l’Évangile, c’est accepter de fixer nos yeux sur Jésus-Christ et croire, à travers les faits et gestes qui ont jalonné son existence terrestre que, quelles que soient les infidélités de l’homme, nos infidélités, Dieu ne nous retire jamais la possibilité de nous réconcilier avec lui. Dieu ne nous retire jamais le bénéfice de l’Alliance divine qu’il nous propose.
Chers frères et sœurs, que l’homélie de ce premier dimanche de Carême devienne pour nous l’occasion d’opter librement sur l’orientation décisive que nous voulons donner à notre existence. Profitons de ces quarante jours de Carême pour incarner concrètement, avec une conscience droite, notre engagement envers Dieu. Particulièrement à travers les trois efforts traditionnellement constitutifs du Carême :
1. Le jeûne, pour prendre conscience et attester au monde que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole de Dieu.
2. La prière, pour prendre conscience et attester au monde qu’on ne peut pas réussir sa vie sans prendre du temps avec Dieu et pour Dieu.
3. L’aumône et le partage, pour prendre conscience et attester au monde que l’homme est essentiellement appelé au don, au don de soi.
Que le Seigneur nous accorde, à tous et à chacun, un bon et saint Carême 2009 ! AMEN.
lundi 23 février 2009
7e Dimanche per annum - B
Chers frères et sœurs,
Depuis trois dimanches, nous avons successivement découvert, à travers des faits et gestes opérés par Jésus, que ce soit son enseignement à Capharnaüm, ou la guérison de la belle-mère de Simon ou encore celle du lépreux de dimanche dernier, nous avons découvert l’étendue et la réalité de ses pouvoirs messianiques. Plus encore, nous avons découvert que la manifestation des pouvoirs messianiques du Christ s’était révélée intimement liée à sa propre volonté, une volonté particulièrement sensible à la détresse de l’homme.
Et, aujourd’hui, le récit de la guérison de ce paralytique nous confirme, à travers la rémission des péchés que Jésus accorde explicitement au paralytique, l’enseignement que les trois précédents récits de guérison, pris dans leur ensemble, nous avaient permis de mettre en évidence : Jésus agit bel et bien en SON Nom, avec Puissance et Autorité, comme Dieu seul, par définition, est en mesure de le faire.
Et c’est bien ce qu’ont compris, d’ailleurs, scandalisés, les quelques scribes qui furent témoins de la scène. Ces scribes, en effet, nous dit-on, raisonnaient en eux-mêmes et se disaient : « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Qui donc peut pardonner les péchés sinon Dieu seul ? »
Oui, pourquoi cet homme, Jésus, parle-t-il ainsi ? C’est la question fondamentale, aujourd’hui, à la quelle les scribes nous pressent de répondre, à nous qui avons été aussi témoins de la scène, du moins en esprit et en vérité, par la puissance de notre foi, de notre crédibilité en l’Évangile.
Jésus parle en son Nom, avec Puissance et Autorité, comme Dieu seul est en mesure de le faire, afin de nous amener à croire, PROGRESSIVEMENT, qui il est vraiment, au-delà du voile de son humanité.
Ainsi, à travers les différents miracles qu’il a opérés depuis le commencement de sa vie publique, Jésus s’est manifesté comme un homme radicalement différent des autres hommes de son temps.
Mais Jésus ne s’est pas seulement manifesté comme un homme incomparable. Mais comme quelqu’un qui, à travers ses gestes et ses paroles, accrédite, en quelque sorte, sa prétention inouïe d’agir comme Dieu, à la manière de Dieu.
Enfin, les guérisons corporelles que Jésus a réalisées se révèlent en fait, comme des signes destinés à ouvrir les yeux de notre foi sur l’avènement de ce monde Nouveau, auquel le prophète Isaïe nous faisait allusion en première lecture, en annonçant la Rémission prochaine des péchés d’Israël.
Bref, Jésus réalise des signes messianiques, c’est-à-dire des signes qui manifestent qu’il est bien le Messie, celui en qui Dieu a placé toute sa confiance et remis le jugement du monde (Matth., 25, 31). D’où, l’expression « Fils de l’Homme » que Jésus emploie pour la première fois dans l’Évangile de Marc. Cette expression, en effet, est un titre messianique que nous trouvons dans le Livre de Daniel, dont le genre littéraire appartient à celui de l’apocalyptique juive. Ce titre fait donc allusion non seulement à la fin des temps mais aussi à un mystérieux personnage céleste, que Daniel nous présente comme envoyé par Dieu pour juger les hommes à la fin du monde.
À travers l’utilisation de ce titre messianique que Jésus associe à sa revendication d’avoir personnellement remis les péchés du paralytique, Jésus manifeste ainsi qu’il prend une sérieuse distance par rapport à l’idéalisme messianique des scribes. Le Jugement de Dieu sur le monde ne sera pas une condamnation irrévocable des pécheurs mais une déconcertante miséricorde à leur égard.
C’est d’ailleurs tout le sens de la deuxième lecture que nous avons entendue. En Jésus, Dieu a prononcé à la face du monde entier un « OUI » fondamental en faveur de la rémission des péchés.
Remarquons, pour conclure, et surtout pour faire écho à notre vie aujourd’hui, que sans l’audace et l’ingéniosité de la foi de ces quatre hommes qui avaient porté le paralytique à Jésus, le miracle n’aurait sans doute jamais eu lieu.
C’est dire que nous avons, nous aussi, quel que soit, l’immobilisme dans lequel nous paralyse le péché dans notre démarche de réconciliation avec Dieu, nous avons, nous aussi besoin d’être portés par la prière des autres et donc, de nous faire nous-mêmes porteurs de la souffrance des hommes, en intercédant pour eux auprès de Dieu. Alors qui, cette semaine, vais-je porter dans ma prière ? À quelle situation de détresse, autour de moi, vais-je être particulièrement attentif ?
AMEN.
Depuis trois dimanches, nous avons successivement découvert, à travers des faits et gestes opérés par Jésus, que ce soit son enseignement à Capharnaüm, ou la guérison de la belle-mère de Simon ou encore celle du lépreux de dimanche dernier, nous avons découvert l’étendue et la réalité de ses pouvoirs messianiques. Plus encore, nous avons découvert que la manifestation des pouvoirs messianiques du Christ s’était révélée intimement liée à sa propre volonté, une volonté particulièrement sensible à la détresse de l’homme.
Et, aujourd’hui, le récit de la guérison de ce paralytique nous confirme, à travers la rémission des péchés que Jésus accorde explicitement au paralytique, l’enseignement que les trois précédents récits de guérison, pris dans leur ensemble, nous avaient permis de mettre en évidence : Jésus agit bel et bien en SON Nom, avec Puissance et Autorité, comme Dieu seul, par définition, est en mesure de le faire.
Et c’est bien ce qu’ont compris, d’ailleurs, scandalisés, les quelques scribes qui furent témoins de la scène. Ces scribes, en effet, nous dit-on, raisonnaient en eux-mêmes et se disaient : « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Qui donc peut pardonner les péchés sinon Dieu seul ? »
Oui, pourquoi cet homme, Jésus, parle-t-il ainsi ? C’est la question fondamentale, aujourd’hui, à la quelle les scribes nous pressent de répondre, à nous qui avons été aussi témoins de la scène, du moins en esprit et en vérité, par la puissance de notre foi, de notre crédibilité en l’Évangile.
Jésus parle en son Nom, avec Puissance et Autorité, comme Dieu seul est en mesure de le faire, afin de nous amener à croire, PROGRESSIVEMENT, qui il est vraiment, au-delà du voile de son humanité.
Ainsi, à travers les différents miracles qu’il a opérés depuis le commencement de sa vie publique, Jésus s’est manifesté comme un homme radicalement différent des autres hommes de son temps.
Mais Jésus ne s’est pas seulement manifesté comme un homme incomparable. Mais comme quelqu’un qui, à travers ses gestes et ses paroles, accrédite, en quelque sorte, sa prétention inouïe d’agir comme Dieu, à la manière de Dieu.
Enfin, les guérisons corporelles que Jésus a réalisées se révèlent en fait, comme des signes destinés à ouvrir les yeux de notre foi sur l’avènement de ce monde Nouveau, auquel le prophète Isaïe nous faisait allusion en première lecture, en annonçant la Rémission prochaine des péchés d’Israël.
Bref, Jésus réalise des signes messianiques, c’est-à-dire des signes qui manifestent qu’il est bien le Messie, celui en qui Dieu a placé toute sa confiance et remis le jugement du monde (Matth., 25, 31). D’où, l’expression « Fils de l’Homme » que Jésus emploie pour la première fois dans l’Évangile de Marc. Cette expression, en effet, est un titre messianique que nous trouvons dans le Livre de Daniel, dont le genre littéraire appartient à celui de l’apocalyptique juive. Ce titre fait donc allusion non seulement à la fin des temps mais aussi à un mystérieux personnage céleste, que Daniel nous présente comme envoyé par Dieu pour juger les hommes à la fin du monde.
À travers l’utilisation de ce titre messianique que Jésus associe à sa revendication d’avoir personnellement remis les péchés du paralytique, Jésus manifeste ainsi qu’il prend une sérieuse distance par rapport à l’idéalisme messianique des scribes. Le Jugement de Dieu sur le monde ne sera pas une condamnation irrévocable des pécheurs mais une déconcertante miséricorde à leur égard.
C’est d’ailleurs tout le sens de la deuxième lecture que nous avons entendue. En Jésus, Dieu a prononcé à la face du monde entier un « OUI » fondamental en faveur de la rémission des péchés.
Remarquons, pour conclure, et surtout pour faire écho à notre vie aujourd’hui, que sans l’audace et l’ingéniosité de la foi de ces quatre hommes qui avaient porté le paralytique à Jésus, le miracle n’aurait sans doute jamais eu lieu.
C’est dire que nous avons, nous aussi, quel que soit, l’immobilisme dans lequel nous paralyse le péché dans notre démarche de réconciliation avec Dieu, nous avons, nous aussi besoin d’être portés par la prière des autres et donc, de nous faire nous-mêmes porteurs de la souffrance des hommes, en intercédant pour eux auprès de Dieu. Alors qui, cette semaine, vais-je porter dans ma prière ? À quelle situation de détresse, autour de moi, vais-je être particulièrement attentif ?
AMEN.
lundi 16 février 2009
6e Dimanche per annum - B
Chers frères et sœurs,
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, saint Marc nous rapporte comment Jésus a miraculeusement guéri un lépreux qui, reconnaissant sans doute en Jésus un être exceptionnel, s’était spontanément agenouillé devant lui.
Quelle que fut réellement la foi de ce lépreux envers Jésus, sa démarche, pour les mentalités bibliques de l’époque, comportait donc, en elle-même, une certaine audace religieuse, puisqu’elle transgressait, littéralement, les prescriptions juridiques que Moïse et Aaron avaient transmises aux prêtres d’alors, qu’on appelait les Lévites. D’où les quelques lignes du Livre du Lévitique que nous avons entendues en première lecture. À l’origine, la loi se voulait principalement au service d’une mesure sanitaire indispensable : endiguer la contagion d’une terrible maladie en tenant physiquement les lépreux à l’écart de toute population. Mais, hélas, la mise à l’écart d’un lépreux, excluant toute participation possible à la vie sociale et religieuse de sa ville, la loi apparaissait d’abord, aux yeux de tous, comme l’expression d’une condamnation divine envers tel ou tel péché qu’aurait inévitablement commis le malheureux atteint de la lèpre. Et c’est ainsi que la lèpre, pour beaucoup, était quasiment devenue synonyme de péché. On ne pouvait donc pas en être guéri, mais seulement purifié.
À travers la guérison miraculeuse du lépreux, comme il le fera d’ailleurs plus-tard avec un paralytique, Jésus réalise un signe du Royaume messianique qu’il est venu inaugurer. Un signe qui manifeste non seulement la réalité et l’étendue de ses pouvoirs messianiques sur toute chair mais qui manifeste, également, qu’il est venu remettre les péchés de l’homme et le restaurer dans son être relationnel.
Et la manifestation de ce pouvoir, nous précise saint Marc, est intimement liée à la propre volonté de Jésus. En effet, à la demande du lépreux, Jésus n’avait pas rétorqué : « Je le peux, sois purifié ! » mais : « Je le VEUX, sois purifié ! » L’insistance de Jésus ne porte donc pas tant sur son pouvoir de guérison mais bien sur son VOULOIR.
Ainsi, après nous avoir révélé l’autorité et la nouveauté de l’enseignement de Jésus à la synagogue de Capharnaüm, après nous avoir révélé la réalité et l’étendue de ses pouvoirs messianiques suite à la guérison de la belle-mère de Simon, saint Marc nous révèle, aujourd’hui, dans le récit de cette nouvelle guérison, saint Marc nous révèle que le Christ agit bel et bien en son Nom propre, comme Dieu seul est en mesure de le faire.
Bref, avec le récit de la prédication de Jésus à Capharnaüm, avec le récit de la guérison de la belle-mère de Simon, avec le récit de la guérison du lépreux, le premier chapitre de l’Évangile selon saint Marc nous invite à découvrir que Jésus est le Messie, celui qui agit au Nom, avec la Puissance et l’Autorité de Dieu.
Mais le récit d’aujourd’hui nous révèle aussi que la volonté de Jésus est mystérieusement sensible à la souffrance de l’homme, au point même d’être saisi de pitié pour lui, au point même de s’émouvoir jusqu’à prendre sa place. En effet, nous relate saint Marc, ayant personnellement TOUCHÉ le lépreux, Jésus ne pouvait plus ouvertement, c’est-à-dire aux yeux de la loi juive, Jésus ne pouvait plus ouvertement entrer dans une ville. Mais on venait à lui de partout.
Nous avons là, en filigrane, tout le drame de la croix qui se profile déjà à l’horizon. Jésus est venu prendre la place de l’homme pécheur. Par amour pour les siens, comme le dit saint Paul aux Romains (8, 3), le Fils de Dieu a revêtu une chair de péché afin de condamner le péché dans sa chair, sur le bois de la croix. Et élevé de terre, Jésus attire à lui tous les hommes. C’est vers lui que tous nos regards convergent et c’est en regardant ses plaies que nous pouvons réellement croire que nous sommes guéris, car c’est nos péchés qu’il portait dans sa chair.
Comme saint Paul nous y exhortait donc dans la deuxième lecture, prenons le Christ pour modèle. Ne restons pas insensibles à la souffrance des autres, particulièrement envers celle de personnes que des lois, maladies (drogue, alcool, sida, trisomie) ou situations diverses excluent ou marginalisent.
Quelle attitude, concrètement, vais-je prendre cette semaine envers toutes ces personnes ? Ne passons pas à côté de ses questions essentielles.
AMEN.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, saint Marc nous rapporte comment Jésus a miraculeusement guéri un lépreux qui, reconnaissant sans doute en Jésus un être exceptionnel, s’était spontanément agenouillé devant lui.
Quelle que fut réellement la foi de ce lépreux envers Jésus, sa démarche, pour les mentalités bibliques de l’époque, comportait donc, en elle-même, une certaine audace religieuse, puisqu’elle transgressait, littéralement, les prescriptions juridiques que Moïse et Aaron avaient transmises aux prêtres d’alors, qu’on appelait les Lévites. D’où les quelques lignes du Livre du Lévitique que nous avons entendues en première lecture. À l’origine, la loi se voulait principalement au service d’une mesure sanitaire indispensable : endiguer la contagion d’une terrible maladie en tenant physiquement les lépreux à l’écart de toute population. Mais, hélas, la mise à l’écart d’un lépreux, excluant toute participation possible à la vie sociale et religieuse de sa ville, la loi apparaissait d’abord, aux yeux de tous, comme l’expression d’une condamnation divine envers tel ou tel péché qu’aurait inévitablement commis le malheureux atteint de la lèpre. Et c’est ainsi que la lèpre, pour beaucoup, était quasiment devenue synonyme de péché. On ne pouvait donc pas en être guéri, mais seulement purifié.
À travers la guérison miraculeuse du lépreux, comme il le fera d’ailleurs plus-tard avec un paralytique, Jésus réalise un signe du Royaume messianique qu’il est venu inaugurer. Un signe qui manifeste non seulement la réalité et l’étendue de ses pouvoirs messianiques sur toute chair mais qui manifeste, également, qu’il est venu remettre les péchés de l’homme et le restaurer dans son être relationnel.
Et la manifestation de ce pouvoir, nous précise saint Marc, est intimement liée à la propre volonté de Jésus. En effet, à la demande du lépreux, Jésus n’avait pas rétorqué : « Je le peux, sois purifié ! » mais : « Je le VEUX, sois purifié ! » L’insistance de Jésus ne porte donc pas tant sur son pouvoir de guérison mais bien sur son VOULOIR.
Ainsi, après nous avoir révélé l’autorité et la nouveauté de l’enseignement de Jésus à la synagogue de Capharnaüm, après nous avoir révélé la réalité et l’étendue de ses pouvoirs messianiques suite à la guérison de la belle-mère de Simon, saint Marc nous révèle, aujourd’hui, dans le récit de cette nouvelle guérison, saint Marc nous révèle que le Christ agit bel et bien en son Nom propre, comme Dieu seul est en mesure de le faire.
Bref, avec le récit de la prédication de Jésus à Capharnaüm, avec le récit de la guérison de la belle-mère de Simon, avec le récit de la guérison du lépreux, le premier chapitre de l’Évangile selon saint Marc nous invite à découvrir que Jésus est le Messie, celui qui agit au Nom, avec la Puissance et l’Autorité de Dieu.
Mais le récit d’aujourd’hui nous révèle aussi que la volonté de Jésus est mystérieusement sensible à la souffrance de l’homme, au point même d’être saisi de pitié pour lui, au point même de s’émouvoir jusqu’à prendre sa place. En effet, nous relate saint Marc, ayant personnellement TOUCHÉ le lépreux, Jésus ne pouvait plus ouvertement, c’est-à-dire aux yeux de la loi juive, Jésus ne pouvait plus ouvertement entrer dans une ville. Mais on venait à lui de partout.
Nous avons là, en filigrane, tout le drame de la croix qui se profile déjà à l’horizon. Jésus est venu prendre la place de l’homme pécheur. Par amour pour les siens, comme le dit saint Paul aux Romains (8, 3), le Fils de Dieu a revêtu une chair de péché afin de condamner le péché dans sa chair, sur le bois de la croix. Et élevé de terre, Jésus attire à lui tous les hommes. C’est vers lui que tous nos regards convergent et c’est en regardant ses plaies que nous pouvons réellement croire que nous sommes guéris, car c’est nos péchés qu’il portait dans sa chair.
Comme saint Paul nous y exhortait donc dans la deuxième lecture, prenons le Christ pour modèle. Ne restons pas insensibles à la souffrance des autres, particulièrement envers celle de personnes que des lois, maladies (drogue, alcool, sida, trisomie) ou situations diverses excluent ou marginalisent.
Quelle attitude, concrètement, vais-je prendre cette semaine envers toutes ces personnes ? Ne passons pas à côté de ses questions essentielles.
AMEN.
mardi 10 février 2009
5e Dimanche per annum - B
Chers frères et sœurs,
Comme vous l’avez entendu, l’Évangile d’aujourd’hui fait immédiatement suite à celui de dimanche dernier, au cours duquel Jésus manifesta publiquement l’autorité de son enseignement. Mais, aujourd’hui, à travers le récit de la guérison de la belle-mère de Simon, saint Marc veut nous dire autre chose… quelque chose d’essentiel quant à la personne et à la mission de Jésus.
Tout d’abord, c’est un jour de sabbat que Jésus opère cette guérison. Et si, à la suite de ce miracle, on lui amènera d’autres malades, ce ne sera qu’après le coucher du soleil, autrement dit le jour suivant, quand prendra fin le sabbat, selon les usages du calendrier juif. Ce détail n’est pas sans importance. Dans la théologie juive, en effet, le sabbat était, pour l’homme, le Jour du Seigneur, c’est-à-dire le Jour, par excellence, où l’homme, délivré de toute servitude, pouvait alors entièrement, âme et corps, se consacrer au service de Dieu.
En guérissant donc un jour de Sabbat, Jésus manifeste, pour ainsi dire, le sens salvifique de sa venue : délivrer l’homme de l’esclavage du Mal, de l’esclavage de ses péchés, dont la fièvre, selon la mentalité biblique de l’époque, était un symptôme symbolique (cf. Deut., 28, 21 et Lév., 26, 16). À travers le miracle opéré, Jésus accrédite ainsi sa messianité, c’est-à-dire la raison essentielle pour laquelle lui, le Verbe du Père, est sorti de son éternité silencieuse pour proclamer à tous la Bonne Nouvelle du Salut, l’Évangile de Dieu. Jésus est le Messie, celui qui est venu guérir et attendrir le cœur de l’homme que le péché avait blessé et endurci à l’accueil de la Parole de Dieu.
Avez-vous remarqué, par ailleurs, comment se termine le récit de la guérison de la belle-mère de Simon ?
Aussitôt levée, ressuscitée, nous rapporte saint Marc en grec, la belle-mère de Simon se mit à servir Jésus et ses disciples. Là encore, ce détail n’est pas anodin. Pour Marc, il nous invite à lire entre les lignes, à découvrir plus profondément encore, qui est véritablement Jésus. Non pas un marabout quelconque mais la Parole même de Dieu : le Rédempteur de l’homme.
En effet, le Jour du sabbat, je viens de le dire, était un jour consacré au Seigneur. Un jour, par conséquent, au cours duquel il était scrupuleusement interdit de travailler. Si donc l’évangéliste prend soin de nous rapporter qu’aussitôt guérie, la belle-mère de Simon se mit à servir Jésus, alors que nous sommes toujours en plein sabbat, n’est-ce pas pour nous donner à comprendre, qu’à travers l’événement existentiel de sa guérison miraculeuse, de sa « résurrection », de ce contact intime avec la main du Christ, la belle-mère de Simon avait immédiatement discerné, en Jésus, non seulement le Messie, mais plus encore : Dieu lui-même, en personne. Autrement dit, l’Unique, le Seul pour qui il soit permit, LE jour de sabbat, le Seul pour qui il soit permis de se mettre en tenue de service, dans l’action de grâce, le culte et la prière.
C’est là, chers frères et sœurs, une expérience existentielle de foi que chacun d’entre nous a la possibilité de vivre à son tour, à condition d’accepter de nous laisser saisir par le Christ, particulièrement à travers les sacrements de l’Église qui sont, pour ainsi dire, comme des gestes par lesquels Dieu vient à notre rencontre, prendre notre main, soigner nos blessures et ainsi nous révéler que nous avons du prix à ses yeux, que notre existence vaut la peine d’être vécue, particulièrement dans le service de l’amour.
« Tout le monde te cherche », avait chuchoté Simon à l’oreille de Jésus en prière, à l’aurore du jour qui succéda à celui de la guérison de sa belle-mère… Et Jésus lui a répondu : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins. » Quelles curieuses paroles…
À travers la quête d’un sens à donner à son existence, on peut dire, aujourd’hui encore plus qu’hier, que tout le monde cherche Dieu, même les jeunes qui, pourtant, paraissent si éloignés de la question de Dieu. Tout le monde cherche Dieu, mais, hélas ! Tout le monde ne le trouve pas nécessairement. Pourquoi ? Parce qu’il faut, pour cela, accepter, dans la confiance de la foi, d’écouter le Christ dans « l’ailleurs spirituel » où lui-même ne cesse de se rendre pour annoncer l’Évangile, la Parole de Dieu.
Cet « ailleurs spirituel » peut être territorial : une localité voisine de la nôtre où, désormais, l’Évangile doit être annoncé, où l’Eucharistie doit être célébrée. Mais il peut être aussi, et plus encore, à l’intérieur de nous-mêmes, dans ce petit coin intime de l’âme et qu’on appelle la conscience morale.
La conscience morale de l’homme, disons-le ainsi, est comme une « Galilée spirituelle » où la voix de Dieu, en dépit de tout ce qui peut affliger et endurcir notre cœur : maladies, péchés, doutes, injustices (cf. Job en 1re lecture), où la voix de Dieu ne cesse de proclamer l’Évangile de la vie : c’est-à-dire l’affirmation qu’il n’est jamais trop tard pour donner un sens évangélique à notre existence, qu’il n’est jamais trop tard pour mettre joyeusement le don de soi au cœur de notre vie.
Alors, chers frères et sœurs, acceptons-nous de faire confiance à la Parole de Dieu qui nous est dite aujourd’hui ? Acceptons-nous de nous mettre nous-mêmes à la suite du Christ et de redire, à l’exemple de l’Apôtre Paul que nous avons entendu en deuxième lecture : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile. »
Libres à l’égard de tous, par la liberté intérieure que Dieu nous offre dans le don de sa grâce, nous pouvons, nous aussi, nous faire les serviteurs de tous, afin d’en gagner au Seigneur le plus grand nombre possible. C’est là tout le sens de notre coresponsabilité au cœur de la mission de l’Église dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui. Coresponsabilité à laquelle nos évêques nous appellent, tous et chacun, selon les spécificités et la réciprocité de nos sacerdoces, baptismal et sacerdotal, de nos charismes, de nos lieux de vie, de nos services, de nos mouvements…
Comme vous l’avez entendu, l’Évangile d’aujourd’hui fait immédiatement suite à celui de dimanche dernier, au cours duquel Jésus manifesta publiquement l’autorité de son enseignement. Mais, aujourd’hui, à travers le récit de la guérison de la belle-mère de Simon, saint Marc veut nous dire autre chose… quelque chose d’essentiel quant à la personne et à la mission de Jésus.
Tout d’abord, c’est un jour de sabbat que Jésus opère cette guérison. Et si, à la suite de ce miracle, on lui amènera d’autres malades, ce ne sera qu’après le coucher du soleil, autrement dit le jour suivant, quand prendra fin le sabbat, selon les usages du calendrier juif. Ce détail n’est pas sans importance. Dans la théologie juive, en effet, le sabbat était, pour l’homme, le Jour du Seigneur, c’est-à-dire le Jour, par excellence, où l’homme, délivré de toute servitude, pouvait alors entièrement, âme et corps, se consacrer au service de Dieu.
En guérissant donc un jour de Sabbat, Jésus manifeste, pour ainsi dire, le sens salvifique de sa venue : délivrer l’homme de l’esclavage du Mal, de l’esclavage de ses péchés, dont la fièvre, selon la mentalité biblique de l’époque, était un symptôme symbolique (cf. Deut., 28, 21 et Lév., 26, 16). À travers le miracle opéré, Jésus accrédite ainsi sa messianité, c’est-à-dire la raison essentielle pour laquelle lui, le Verbe du Père, est sorti de son éternité silencieuse pour proclamer à tous la Bonne Nouvelle du Salut, l’Évangile de Dieu. Jésus est le Messie, celui qui est venu guérir et attendrir le cœur de l’homme que le péché avait blessé et endurci à l’accueil de la Parole de Dieu.
Avez-vous remarqué, par ailleurs, comment se termine le récit de la guérison de la belle-mère de Simon ?
Aussitôt levée, ressuscitée, nous rapporte saint Marc en grec, la belle-mère de Simon se mit à servir Jésus et ses disciples. Là encore, ce détail n’est pas anodin. Pour Marc, il nous invite à lire entre les lignes, à découvrir plus profondément encore, qui est véritablement Jésus. Non pas un marabout quelconque mais la Parole même de Dieu : le Rédempteur de l’homme.
En effet, le Jour du sabbat, je viens de le dire, était un jour consacré au Seigneur. Un jour, par conséquent, au cours duquel il était scrupuleusement interdit de travailler. Si donc l’évangéliste prend soin de nous rapporter qu’aussitôt guérie, la belle-mère de Simon se mit à servir Jésus, alors que nous sommes toujours en plein sabbat, n’est-ce pas pour nous donner à comprendre, qu’à travers l’événement existentiel de sa guérison miraculeuse, de sa « résurrection », de ce contact intime avec la main du Christ, la belle-mère de Simon avait immédiatement discerné, en Jésus, non seulement le Messie, mais plus encore : Dieu lui-même, en personne. Autrement dit, l’Unique, le Seul pour qui il soit permit, LE jour de sabbat, le Seul pour qui il soit permis de se mettre en tenue de service, dans l’action de grâce, le culte et la prière.
C’est là, chers frères et sœurs, une expérience existentielle de foi que chacun d’entre nous a la possibilité de vivre à son tour, à condition d’accepter de nous laisser saisir par le Christ, particulièrement à travers les sacrements de l’Église qui sont, pour ainsi dire, comme des gestes par lesquels Dieu vient à notre rencontre, prendre notre main, soigner nos blessures et ainsi nous révéler que nous avons du prix à ses yeux, que notre existence vaut la peine d’être vécue, particulièrement dans le service de l’amour.
« Tout le monde te cherche », avait chuchoté Simon à l’oreille de Jésus en prière, à l’aurore du jour qui succéda à celui de la guérison de sa belle-mère… Et Jésus lui a répondu : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins. » Quelles curieuses paroles…
À travers la quête d’un sens à donner à son existence, on peut dire, aujourd’hui encore plus qu’hier, que tout le monde cherche Dieu, même les jeunes qui, pourtant, paraissent si éloignés de la question de Dieu. Tout le monde cherche Dieu, mais, hélas ! Tout le monde ne le trouve pas nécessairement. Pourquoi ? Parce qu’il faut, pour cela, accepter, dans la confiance de la foi, d’écouter le Christ dans « l’ailleurs spirituel » où lui-même ne cesse de se rendre pour annoncer l’Évangile, la Parole de Dieu.
Cet « ailleurs spirituel » peut être territorial : une localité voisine de la nôtre où, désormais, l’Évangile doit être annoncé, où l’Eucharistie doit être célébrée. Mais il peut être aussi, et plus encore, à l’intérieur de nous-mêmes, dans ce petit coin intime de l’âme et qu’on appelle la conscience morale.
La conscience morale de l’homme, disons-le ainsi, est comme une « Galilée spirituelle » où la voix de Dieu, en dépit de tout ce qui peut affliger et endurcir notre cœur : maladies, péchés, doutes, injustices (cf. Job en 1re lecture), où la voix de Dieu ne cesse de proclamer l’Évangile de la vie : c’est-à-dire l’affirmation qu’il n’est jamais trop tard pour donner un sens évangélique à notre existence, qu’il n’est jamais trop tard pour mettre joyeusement le don de soi au cœur de notre vie.
Alors, chers frères et sœurs, acceptons-nous de faire confiance à la Parole de Dieu qui nous est dite aujourd’hui ? Acceptons-nous de nous mettre nous-mêmes à la suite du Christ et de redire, à l’exemple de l’Apôtre Paul que nous avons entendu en deuxième lecture : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile. »
Libres à l’égard de tous, par la liberté intérieure que Dieu nous offre dans le don de sa grâce, nous pouvons, nous aussi, nous faire les serviteurs de tous, afin d’en gagner au Seigneur le plus grand nombre possible. C’est là tout le sens de notre coresponsabilité au cœur de la mission de l’Église dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui. Coresponsabilité à laquelle nos évêques nous appellent, tous et chacun, selon les spécificités et la réciprocité de nos sacerdoces, baptismal et sacerdotal, de nos charismes, de nos lieux de vie, de nos services, de nos mouvements…
dimanche 1 février 2009
4e Dimanche per annum - B
Chers frères et sœurs,
Alors qu’avec ce 4e dimanche per annum nous entrons de plain pied dans l’ordinaire du temps de l’Église, du moins dans sa partie située avant le commencement du Carême, l’Évangile de saint Marc que nous venons d’entendre nous renvoie tout au début du ministère public du Christ, à Capharnaüm.
Jésus vient de prendre part à la liturgie synagogale. Après avoir lu un passage des Saintes Écritures, Jésus a pris la parole et commenté le texte sacré. Bref, selon les coutumes liturgiques de l’époque, il vient de prononcer une « homélie », un enseignement, dont le style et le contenu ont suscité l’étonnement de la foule.
Le style, tout d’abord… À la synagogue de Capharnaüm, Jésus a livré un enseignement particulier. Non pas à la manière des scribes… nous précise saint Marc. C’est que les scribes, habituellement, commentaient les textes sacrés en se référant à telle ou telle parole d’un Maître ou, si l’on préfère, à telle ou telle interprétation d’un Docteur de la Loi. Bref, les scribes lisaient l’Écriture dans la lumière de la Tradition rabbinique, de la Tradition qui était légitimement la leur, un peu comme nous-mêmes lisons la Bible dans la lumière de la Tradition apostolique. Or, voilà que Jésus, à travers l’occasion qui lui est donnée de commenter publiquement l’Écriture, se manifeste lui-même comme ayant autorité en la matière, à la manière d’un prophète, d’un grand prophète, comme il n’y en avait jamais eu de plus grand depuis Moïse (cf. 1re lecture). La foule a donc été frappée par cette manière de faire, par cette façon apparemment exceptionnelle qu’avait Jésus de commenter et d’enseigner les prophéties de l’Écriture, comme si les paroles mêmes de Dieu étaient mystérieusement dans son cœur et sur ses lèvres.
Hélas, saint Marc ne nous a pas rapporté le contenu de cet enseignement, ni même le passage biblique auquel il devait se rapporter. Mais la soudaine réaction d’un homme, d’un homme tourmenté par un esprit mauvais, au sein même de l’assemblée liturgique, peut nous aider, en quelque sorte, à reconstituer le puzzle.
Entre autres choses, que dit cet homme ? « Je sais fort bien qui tu es [Jésus de Nazareth] : le Saint, le Saint de Dieu. »
L’enseignement de Jésus, eu égard à la réaction de cet homme, devait donc porter sur le mystère de sa propre identité, un peu comme ce sera le cas, plus tard, à la synagogue de Nazareth, lorsque Jésus commentera les oracles messianiques d’Isaïe en déclarant publiquement : « C’est aujourd’hui que ces paroles s’accomplissent. » Sous-entendu : « Le Messie dont vous attendez la venue, eh bien ! C’est moi… : Jésus de Nazareth. »
Resituée dans cette perspective, l’altercation du possédé envers Jésus devient alors compréhensible. Car reconnaître en Jésus le Rédempteur de l’homme, c’était, du même coup, reconnaître en lui l’avènement et le triomphe du Règne de Dieu sur toutes les puissances des ténèbres, ce qu’aucun démon, précisément, n’aurait pu admettre.
Aussi, bien qu’elles confessassent la sainteté humaine de Jésus, sainteté qui ne pouvait pas passer inaperçue parmi les hommes et les mauvais esprits, les paroles du possédé semblaient contester, en revanche, comme une chose impossible, comme une chose impensable, l’enseignement que Jésus délivrait aux foules quant au mystère de sa propre personne et de sa venue messianique.
À cela, rien de bien surprenant... Aujourd’hui encore, beaucoup de personnes veulent bien admettre l’existence et la sainteté historiques de Jésus de Nazareth (Jésus, le Gandhi de l’époque) sans pour autant franchir le seuil de la foi et reconnaître en lui le Fils unique de Dieu, le Rédempteur de l’homme (Cf. Ernest Renan : « Jésus, cet HOMME incomparable »).
Mais revenons à Capharnaüm… En condamnant au silence les paroles du possédé et en expulsant de lui l’esprit mauvais qui le tourmentait, Jésus, par ce miracle, révèle non seulement l’efficacité divine de sa Parole mais il confirme aussi, de manière frappante, nous précise le récit, il confirme aussi la vérité et la signification même de sa venue parmi les siens : Délivrer l’homme du Mal, du Mal et des maux qui le tourmentent et qui l’asservissent.
Mais, au-delà du miracle et de son côté extraordinaire, retenons, pour nous aujourd’hui, que c’est en commentant l’Écriture et en la mettant concrètement en pratique, que Jésus a commencé à se manifester publiquement comme Dieu et Sauveur, autrement dit qu’il a commencé son ministère d’évangélisation.
Quel exemple pour nous ! Pour nous qui avons la possibilité de lire la Bible en ÉGLISE, particulièrement au cours de l’Eucharistie, pour nous qui avons reçu la mission, en vertu de notre baptême, d’annoncer l’Évangile à toutes les nations. C’est donc par là qu’il faut commencer, par une lecture et une pratique assidues des Écritures qui nous enseignent combien Dieu nous aime ; combien il attend, dans la fidélité de son Alliance avec nous, une réponse personnelle et concrète de notre part.
C’est ce que, précisément, à travers l’épître de saint Paul, l’Écriture nous enseigne aujourd’hui : rester attaché au Seigneur, sans partage. Alors, comment accueillons-nous cette Parole de Dieu aujourd’hui ? À quelle conversion personnelle nous invite-t-elle intérieurement ? Quel esprit mauvais, ou plutôt quel mauvais esprit, en nous, dans nos lieux de travail ou dans nos familles, est-elle capable de réduire au silence ? De quels tourments ou souffrances est-elle capable de nous délivrer ou de nous guérir, définitivement ?
Que l’Esprit Saint nous éclaire en toutes ces questions tandis que le sacrement de l’Eucharistie que nous allons recevoir va nourrir en nous la sainteté de notre vie spirituelle.
AMEN.
Alors qu’avec ce 4e dimanche per annum nous entrons de plain pied dans l’ordinaire du temps de l’Église, du moins dans sa partie située avant le commencement du Carême, l’Évangile de saint Marc que nous venons d’entendre nous renvoie tout au début du ministère public du Christ, à Capharnaüm.
Jésus vient de prendre part à la liturgie synagogale. Après avoir lu un passage des Saintes Écritures, Jésus a pris la parole et commenté le texte sacré. Bref, selon les coutumes liturgiques de l’époque, il vient de prononcer une « homélie », un enseignement, dont le style et le contenu ont suscité l’étonnement de la foule.
Le style, tout d’abord… À la synagogue de Capharnaüm, Jésus a livré un enseignement particulier. Non pas à la manière des scribes… nous précise saint Marc. C’est que les scribes, habituellement, commentaient les textes sacrés en se référant à telle ou telle parole d’un Maître ou, si l’on préfère, à telle ou telle interprétation d’un Docteur de la Loi. Bref, les scribes lisaient l’Écriture dans la lumière de la Tradition rabbinique, de la Tradition qui était légitimement la leur, un peu comme nous-mêmes lisons la Bible dans la lumière de la Tradition apostolique. Or, voilà que Jésus, à travers l’occasion qui lui est donnée de commenter publiquement l’Écriture, se manifeste lui-même comme ayant autorité en la matière, à la manière d’un prophète, d’un grand prophète, comme il n’y en avait jamais eu de plus grand depuis Moïse (cf. 1re lecture). La foule a donc été frappée par cette manière de faire, par cette façon apparemment exceptionnelle qu’avait Jésus de commenter et d’enseigner les prophéties de l’Écriture, comme si les paroles mêmes de Dieu étaient mystérieusement dans son cœur et sur ses lèvres.
Hélas, saint Marc ne nous a pas rapporté le contenu de cet enseignement, ni même le passage biblique auquel il devait se rapporter. Mais la soudaine réaction d’un homme, d’un homme tourmenté par un esprit mauvais, au sein même de l’assemblée liturgique, peut nous aider, en quelque sorte, à reconstituer le puzzle.
Entre autres choses, que dit cet homme ? « Je sais fort bien qui tu es [Jésus de Nazareth] : le Saint, le Saint de Dieu. »
L’enseignement de Jésus, eu égard à la réaction de cet homme, devait donc porter sur le mystère de sa propre identité, un peu comme ce sera le cas, plus tard, à la synagogue de Nazareth, lorsque Jésus commentera les oracles messianiques d’Isaïe en déclarant publiquement : « C’est aujourd’hui que ces paroles s’accomplissent. » Sous-entendu : « Le Messie dont vous attendez la venue, eh bien ! C’est moi… : Jésus de Nazareth. »
Resituée dans cette perspective, l’altercation du possédé envers Jésus devient alors compréhensible. Car reconnaître en Jésus le Rédempteur de l’homme, c’était, du même coup, reconnaître en lui l’avènement et le triomphe du Règne de Dieu sur toutes les puissances des ténèbres, ce qu’aucun démon, précisément, n’aurait pu admettre.
Aussi, bien qu’elles confessassent la sainteté humaine de Jésus, sainteté qui ne pouvait pas passer inaperçue parmi les hommes et les mauvais esprits, les paroles du possédé semblaient contester, en revanche, comme une chose impossible, comme une chose impensable, l’enseignement que Jésus délivrait aux foules quant au mystère de sa propre personne et de sa venue messianique.
À cela, rien de bien surprenant... Aujourd’hui encore, beaucoup de personnes veulent bien admettre l’existence et la sainteté historiques de Jésus de Nazareth (Jésus, le Gandhi de l’époque) sans pour autant franchir le seuil de la foi et reconnaître en lui le Fils unique de Dieu, le Rédempteur de l’homme (Cf. Ernest Renan : « Jésus, cet HOMME incomparable »).
Mais revenons à Capharnaüm… En condamnant au silence les paroles du possédé et en expulsant de lui l’esprit mauvais qui le tourmentait, Jésus, par ce miracle, révèle non seulement l’efficacité divine de sa Parole mais il confirme aussi, de manière frappante, nous précise le récit, il confirme aussi la vérité et la signification même de sa venue parmi les siens : Délivrer l’homme du Mal, du Mal et des maux qui le tourmentent et qui l’asservissent.
Mais, au-delà du miracle et de son côté extraordinaire, retenons, pour nous aujourd’hui, que c’est en commentant l’Écriture et en la mettant concrètement en pratique, que Jésus a commencé à se manifester publiquement comme Dieu et Sauveur, autrement dit qu’il a commencé son ministère d’évangélisation.
Quel exemple pour nous ! Pour nous qui avons la possibilité de lire la Bible en ÉGLISE, particulièrement au cours de l’Eucharistie, pour nous qui avons reçu la mission, en vertu de notre baptême, d’annoncer l’Évangile à toutes les nations. C’est donc par là qu’il faut commencer, par une lecture et une pratique assidues des Écritures qui nous enseignent combien Dieu nous aime ; combien il attend, dans la fidélité de son Alliance avec nous, une réponse personnelle et concrète de notre part.
C’est ce que, précisément, à travers l’épître de saint Paul, l’Écriture nous enseigne aujourd’hui : rester attaché au Seigneur, sans partage. Alors, comment accueillons-nous cette Parole de Dieu aujourd’hui ? À quelle conversion personnelle nous invite-t-elle intérieurement ? Quel esprit mauvais, ou plutôt quel mauvais esprit, en nous, dans nos lieux de travail ou dans nos familles, est-elle capable de réduire au silence ? De quels tourments ou souffrances est-elle capable de nous délivrer ou de nous guérir, définitivement ?
Que l’Esprit Saint nous éclaire en toutes ces questions tandis que le sacrement de l’Eucharistie que nous allons recevoir va nourrir en nous la sainteté de notre vie spirituelle.
AMEN.
dimanche 25 janvier 2009
Conversion de Saint Paul
Chers frères et sœurs,
Comme vous pouvez le constater, la liturgie de ce dimanche, dans le cadre de l’Année Saint Paul, a exceptionnellement privilégié la fête de sa conversion (25 janvier) par rapport aux textes du 3e dimanche per annum, du temps dans l'année..
L’Année Saint Paul, voulue par le Saint Père à l’occasion du bimillénaire de la naissance de Saul de Tarse, a commencé le 29 juin 2008, jour où l’on célèbre les martyres des deux grands apôtres que furent Pierre et Paul, colonnes de l’Église. Mais la visée pastorale d’une telle commémoration dépasse bien entendu le cadre d’un simple anniversaire.
Fêter l’Année Saint Paul, autrement dit mettre en honneur la personne et l’œuvre de saint Paul durant toute une année, doit nous amener à nous interroger nous-mêmes sur le sens de notre apostolat dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui. Et une telle interrogation nécessite, par conséquent, de nous attarder sur la figure de saint Paul qui fut, par excellence, l’Apôtre des nations, autrement dit l’évangélisateur des peuples.
Ainsi, la question fondamentale qui doit, en quelque sorte, habiter nos esprits tout au long de cette année pastorale, n’est pas tant : « Qui était véritablement saint Paul » mais plutôt : « Qu’est-ce que l’exemple de saint Paul, aujourd’hui, pour la spiritualité et la fécondité de mon apostolat, dans le monde qui est le mien aujourd’hui, qu’est ce que l’exemple de saint Paul peut m’apporter d’essentiel, de fondamental ? »
La fête que nous célébrons aujourd’hui nous donne, précisément, quelques éléments de réponse parmi d’autres, ne serait-ce que l’exemple de son attachement au Christ.
À l’origine de l’apostolat de saint Paul, il y a, en effet, une profonde conversion au Seigneur, c’est-à-dire un véritable attachement au Christ. Et cette conversion, nous l’avons entendu au cours de la première lecture, s’enracine dans l’événement à jamais déterminant d’une rencontre personnelle avec le Seigneur. En ce sens, la conversion de saint Paul n’a pas été le fruit d’une décision morale par rapport à ce qu’il avait pu être ou faire jusqu’alors, mais elle a véritablement été le fruit d’une grâce divine, l’effet d’une soudaine irruption de l’amour de Dieu au cœur de sa vie. C’est ce que nous devons appeler le primat de la charité.
Quelles que soient nos techniques pastorales, aussi légitimes soient-elles, souvenons-nous que l’amour de Dieu précède toujours nos efforts, que la charité divine est véritablement l’âme de tout apostolat. Dit autrement, on ne devient pas apôtre du Christ en signant purement et simplement « lu et approuvé » au bas d’une lettre de mission. Encore faut-il vivre de la grâce et de l’amour du Christ, à l’exemple de saint Paul, lui qui disait aux Corinthiens : « C’est pour vous que l’amour du Christ nous presse » (cf. 2 Cor., 5, 14).
Notons, par ailleurs, que si la conversion et l’apostolat de saint Paul s’enracinent effectivement dans l’événement d’une rencontre personnelle avec le Christ, cette rencontre, précisément, se réalise à travers une expérience concrète de l’Église, entendue comme étant le Corps mystique du Christ. Saul de Tarse, en effet, bien que ne persécutant que des chrétiens, entend le Christ lui révéler : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » C’est dire que la fécondité apostolique de Paul auprès des païens est indiscutablement liée à un sens profond de l’Église, à une vision de l’Église que nous avons nous aussi à découvrir ou à redécouvrir.
Dans la conscience de Paul, en effet, entre le Christ et les chrétiens, existe un lien indissoluble, un mystère de solidarité et de communion. L’Église n’est donc pas l’amicale des admirateurs de Jésus dont il faudrait à tout prix entretenir la mémoire mais elle est véritablement le Corps mystique du Christ ressuscité, le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain (cf. Lumen Gentium 1).
Qu’à l’exemple de saint Paul, nous puissions, nous aussi, découvrir le sens profond de l’Église et vivre ainsi notre apostolat dans le primat de la grâce et de l’amour de Dieu.
AMEN.
Comme vous pouvez le constater, la liturgie de ce dimanche, dans le cadre de l’Année Saint Paul, a exceptionnellement privilégié la fête de sa conversion (25 janvier) par rapport aux textes du 3e dimanche per annum, du temps dans l'année..
L’Année Saint Paul, voulue par le Saint Père à l’occasion du bimillénaire de la naissance de Saul de Tarse, a commencé le 29 juin 2008, jour où l’on célèbre les martyres des deux grands apôtres que furent Pierre et Paul, colonnes de l’Église. Mais la visée pastorale d’une telle commémoration dépasse bien entendu le cadre d’un simple anniversaire.
Fêter l’Année Saint Paul, autrement dit mettre en honneur la personne et l’œuvre de saint Paul durant toute une année, doit nous amener à nous interroger nous-mêmes sur le sens de notre apostolat dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui. Et une telle interrogation nécessite, par conséquent, de nous attarder sur la figure de saint Paul qui fut, par excellence, l’Apôtre des nations, autrement dit l’évangélisateur des peuples.
Ainsi, la question fondamentale qui doit, en quelque sorte, habiter nos esprits tout au long de cette année pastorale, n’est pas tant : « Qui était véritablement saint Paul » mais plutôt : « Qu’est-ce que l’exemple de saint Paul, aujourd’hui, pour la spiritualité et la fécondité de mon apostolat, dans le monde qui est le mien aujourd’hui, qu’est ce que l’exemple de saint Paul peut m’apporter d’essentiel, de fondamental ? »
La fête que nous célébrons aujourd’hui nous donne, précisément, quelques éléments de réponse parmi d’autres, ne serait-ce que l’exemple de son attachement au Christ.
À l’origine de l’apostolat de saint Paul, il y a, en effet, une profonde conversion au Seigneur, c’est-à-dire un véritable attachement au Christ. Et cette conversion, nous l’avons entendu au cours de la première lecture, s’enracine dans l’événement à jamais déterminant d’une rencontre personnelle avec le Seigneur. En ce sens, la conversion de saint Paul n’a pas été le fruit d’une décision morale par rapport à ce qu’il avait pu être ou faire jusqu’alors, mais elle a véritablement été le fruit d’une grâce divine, l’effet d’une soudaine irruption de l’amour de Dieu au cœur de sa vie. C’est ce que nous devons appeler le primat de la charité.
Quelles que soient nos techniques pastorales, aussi légitimes soient-elles, souvenons-nous que l’amour de Dieu précède toujours nos efforts, que la charité divine est véritablement l’âme de tout apostolat. Dit autrement, on ne devient pas apôtre du Christ en signant purement et simplement « lu et approuvé » au bas d’une lettre de mission. Encore faut-il vivre de la grâce et de l’amour du Christ, à l’exemple de saint Paul, lui qui disait aux Corinthiens : « C’est pour vous que l’amour du Christ nous presse » (cf. 2 Cor., 5, 14).
Notons, par ailleurs, que si la conversion et l’apostolat de saint Paul s’enracinent effectivement dans l’événement d’une rencontre personnelle avec le Christ, cette rencontre, précisément, se réalise à travers une expérience concrète de l’Église, entendue comme étant le Corps mystique du Christ. Saul de Tarse, en effet, bien que ne persécutant que des chrétiens, entend le Christ lui révéler : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » C’est dire que la fécondité apostolique de Paul auprès des païens est indiscutablement liée à un sens profond de l’Église, à une vision de l’Église que nous avons nous aussi à découvrir ou à redécouvrir.
Dans la conscience de Paul, en effet, entre le Christ et les chrétiens, existe un lien indissoluble, un mystère de solidarité et de communion. L’Église n’est donc pas l’amicale des admirateurs de Jésus dont il faudrait à tout prix entretenir la mémoire mais elle est véritablement le Corps mystique du Christ ressuscité, le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain (cf. Lumen Gentium 1).
Qu’à l’exemple de saint Paul, nous puissions, nous aussi, découvrir le sens profond de l’Église et vivre ainsi notre apostolat dans le primat de la grâce et de l’amour de Dieu.
AMEN.
mardi 13 janvier 2009
Baptême du Seigneur - B
Chers frères et soeurs,
Nous fêtons, aujourd’hui, le baptême du Christ et nous pouvons, légitimement, nous interroger sur le sens de cet événement. Pourquoi, le Christ, lui qui est le Saint de Dieu par excellence, a-t-il voulu recevoir le baptême que Jean proposait aux foules, autrement dit un rite pénitentiel ?
Étant sans péché, Jésus n’avait nul besoin, contrairement aux habitants de Jérusalem ou d’ailleurs, d’exprimer ainsi, auprès du Baptiste, un quelconque signe de repentir. Cherchons donc à comprendre…
En demandant un baptême de conversion, Jésus accepte de se laisser ainsi compter parmi les pécheurs. Par ce geste, il manifeste donc l’objet de sa mission, le pourquoi de sa venue en ce monde : faire solidairement corps avec les hommes afin de s’interposer entre eux et Dieu pour obtenir, au nom de sa sainteté à lui, la rémission de leurs péchés.
Ainsi, en acceptant de se laisser compter parmi les pécheurs, ce qui suscite, précisément, l’étonnement du baptiste, du moins dans la version que nous en a laissée l’Évangile de Matthieu, Jésus manifeste également quelque chose de son identité : il est celui qui accomplit l’oracle d’Isaïe qui, au sujet d’un mystérieux Serviteur, affirmait : « Avec les pécheurs, il s’est laissé recenser. » (Cf. Is., 53, 12.)
Le baptême de Jésus est donc un événement prophétique destiné à ouvrir les yeux et les oreilles de notre foi sur le mystère de sa filiation divine, attestée, précisément, à travers la voix du Père et la descente de l’Esprit-Saint.
Mais son baptême est aussi un geste qui manifeste, publiquement, aux yeux de tous, que Jésus est bien le Messie, le Serviteur souffrant, le Rédempteur de l’homme dont les Écritures avaient prophétisé la venue. Il est le Nouvel Adam, celui qui ouvre les cieux que le premier Adam avait fermés.
Sans vouloir particulièrement faire un jeu de mots, je dirai qu’en demandant le baptême de Jean, Jésus nous manifeste, en quelque sorte, qu’il se mouillera lui-même jusqu’au cou pour nous sauver.
Sommes-nous suffisamment conscients de cela ? Sommes-nous nous-mêmes prêts, en vertu de notre propre baptême, en vertu de notre propre filiation divine, à nous mouiller nous aussi pour ceux que nous aimons ?
AMEN.
Nous fêtons, aujourd’hui, le baptême du Christ et nous pouvons, légitimement, nous interroger sur le sens de cet événement. Pourquoi, le Christ, lui qui est le Saint de Dieu par excellence, a-t-il voulu recevoir le baptême que Jean proposait aux foules, autrement dit un rite pénitentiel ?
Étant sans péché, Jésus n’avait nul besoin, contrairement aux habitants de Jérusalem ou d’ailleurs, d’exprimer ainsi, auprès du Baptiste, un quelconque signe de repentir. Cherchons donc à comprendre…
En demandant un baptême de conversion, Jésus accepte de se laisser ainsi compter parmi les pécheurs. Par ce geste, il manifeste donc l’objet de sa mission, le pourquoi de sa venue en ce monde : faire solidairement corps avec les hommes afin de s’interposer entre eux et Dieu pour obtenir, au nom de sa sainteté à lui, la rémission de leurs péchés.
Ainsi, en acceptant de se laisser compter parmi les pécheurs, ce qui suscite, précisément, l’étonnement du baptiste, du moins dans la version que nous en a laissée l’Évangile de Matthieu, Jésus manifeste également quelque chose de son identité : il est celui qui accomplit l’oracle d’Isaïe qui, au sujet d’un mystérieux Serviteur, affirmait : « Avec les pécheurs, il s’est laissé recenser. » (Cf. Is., 53, 12.)
Le baptême de Jésus est donc un événement prophétique destiné à ouvrir les yeux et les oreilles de notre foi sur le mystère de sa filiation divine, attestée, précisément, à travers la voix du Père et la descente de l’Esprit-Saint.
Mais son baptême est aussi un geste qui manifeste, publiquement, aux yeux de tous, que Jésus est bien le Messie, le Serviteur souffrant, le Rédempteur de l’homme dont les Écritures avaient prophétisé la venue. Il est le Nouvel Adam, celui qui ouvre les cieux que le premier Adam avait fermés.
Sans vouloir particulièrement faire un jeu de mots, je dirai qu’en demandant le baptême de Jean, Jésus nous manifeste, en quelque sorte, qu’il se mouillera lui-même jusqu’au cou pour nous sauver.
Sommes-nous suffisamment conscients de cela ? Sommes-nous nous-mêmes prêts, en vertu de notre propre baptême, en vertu de notre propre filiation divine, à nous mouiller nous aussi pour ceux que nous aimons ?
AMEN.
mardi 30 décembre 2008
Sainte Famille - B
Chers frères et sœurs,
Pour célébrer la fête de la Sainte Famille, l’Église nous donne à méditer l’Évangile de la Présentation de Jésus au Temple. Outre la signification symbolique de l’événement en lui-même, retenons, simplement, la conclusion du récit : « L’enfant ¬ c'est-à-dire Jésus ¬ grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui. »
Et quelques versets plus loin, l’évangéliste saint Luc, pour clore les Évangiles de l’enfance sur le recouvrement de Jésus au Temple, aura, pour ainsi dire, le même refrain, affirmatif : « Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes. »
Jésus, au sein de sa famille, c’est-à-dire auprès de Marie et de Joseph, progressait en sagesse, en taille et en grâce. Nous avons là, lapidairement résumée il est vrai, une sommaire description du rôle fondamental auquel sont appelés les époux chrétiens, lorsque ceux-ci, ne refusant pas l’accueil d’une nouvelle vie, même imprévue, s’offrent généreusement à la responsabilité d’être parents, devant Dieu et devant la société des hommes.
Ainsi donc, si les Évangiles de l’enfance du Christ nous apprennent que Jésus, au sein de sa propre famille, à Nazareth, grandissait en taille, en sagesse et en grâce, c’est bien pour nous signifier, qu’au sein de nos propres familles, chez nous, la vie de nos enfants doit elle aussi pouvoir s’épanouir en 3D, c’est-à-dire en taille (en hauteur), en sagesse (en largeur) et en grâce (c’est-à-dire en profondeur).
En taille, tout d’abord. La famille est le premier lieu où l’enfant doit faire l’apprentissage qu’il n’est pas autonome et qu’il a donc besoin des autres, besoin de vivre en société ne serait-ce que pour grandir et se fortifier. Pour les époux, c’est aussi l’occasion de découvrir combien leur responsabilité d’être parents est chaque jour appelée au don de soi. Combien de papas et de mamans, en effet, ne sacrifient-ils pas leur temps, leurs loisirs, pour procurer à leurs familles le pain quotidien dont elles ont besoin pour grandir en taille…
Mais l’enfant a aussi besoin de grandir en sagesse. Le devoir d’être parent ne se limite donc pas aux seules nécessités de la vie biologique. Encore faut-il que l’enfant soit éduqué aux grandes valeurs qui sont au fondement de toute civilisation proprement humaine. En ce sens, la famille, telle qu’elle est voulue dans le plan de Dieu, est comme la cellule de base de la société, car elle est, par nature, un lieu fondamental au sein duquel peut véritablement s’opérer la transmission d’un savoir, d’un art de vivre en société, d’une sagesse de vie…
Enfin, la famille, comme ecclesiola, c’est-à-dire comme une petite Église miniature au sein de laquelle la foi peut être concrètement pratiquée, enseignée et célébrée, offre à tous et à chacun, et à commencer par les enfants, un cadre privilégié et incontournable pour grandir dans la grâce de Dieu. On ne le dira jamais assez : « Les parents sont les premiers éducateurs de la foi de leurs enfants. » Peut-être, alors, ce dimanche, en lien avec les trois grands repères que je viens d’évoquer, peut-il être pour chacune de nos familles, l’occasion d’un bilan de santé, confiant mais sincère.
L’enfant Jésus, nous disait saint Luc dans l’Évangile d’aujourd’hui, grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Qu’à l’exemple de la Sainte Famille, nos propres familles, Seigneur, puissent devenir des foyers de vie et d’amour, capables de faire croître nos enfants en taille, en sagesse et en grâce. En associant au don de soi la responsabilité d’être parents, offre, Seigneur, à toutes les mamans et à tous les papas de la terre, la grâce et la joie de fonder une sainte et belle famille.
AMEN.
Pour célébrer la fête de la Sainte Famille, l’Église nous donne à méditer l’Évangile de la Présentation de Jésus au Temple. Outre la signification symbolique de l’événement en lui-même, retenons, simplement, la conclusion du récit : « L’enfant ¬ c'est-à-dire Jésus ¬ grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui. »
Et quelques versets plus loin, l’évangéliste saint Luc, pour clore les Évangiles de l’enfance sur le recouvrement de Jésus au Temple, aura, pour ainsi dire, le même refrain, affirmatif : « Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes. »
Jésus, au sein de sa famille, c’est-à-dire auprès de Marie et de Joseph, progressait en sagesse, en taille et en grâce. Nous avons là, lapidairement résumée il est vrai, une sommaire description du rôle fondamental auquel sont appelés les époux chrétiens, lorsque ceux-ci, ne refusant pas l’accueil d’une nouvelle vie, même imprévue, s’offrent généreusement à la responsabilité d’être parents, devant Dieu et devant la société des hommes.
Ainsi donc, si les Évangiles de l’enfance du Christ nous apprennent que Jésus, au sein de sa propre famille, à Nazareth, grandissait en taille, en sagesse et en grâce, c’est bien pour nous signifier, qu’au sein de nos propres familles, chez nous, la vie de nos enfants doit elle aussi pouvoir s’épanouir en 3D, c’est-à-dire en taille (en hauteur), en sagesse (en largeur) et en grâce (c’est-à-dire en profondeur).
En taille, tout d’abord. La famille est le premier lieu où l’enfant doit faire l’apprentissage qu’il n’est pas autonome et qu’il a donc besoin des autres, besoin de vivre en société ne serait-ce que pour grandir et se fortifier. Pour les époux, c’est aussi l’occasion de découvrir combien leur responsabilité d’être parents est chaque jour appelée au don de soi. Combien de papas et de mamans, en effet, ne sacrifient-ils pas leur temps, leurs loisirs, pour procurer à leurs familles le pain quotidien dont elles ont besoin pour grandir en taille…
Mais l’enfant a aussi besoin de grandir en sagesse. Le devoir d’être parent ne se limite donc pas aux seules nécessités de la vie biologique. Encore faut-il que l’enfant soit éduqué aux grandes valeurs qui sont au fondement de toute civilisation proprement humaine. En ce sens, la famille, telle qu’elle est voulue dans le plan de Dieu, est comme la cellule de base de la société, car elle est, par nature, un lieu fondamental au sein duquel peut véritablement s’opérer la transmission d’un savoir, d’un art de vivre en société, d’une sagesse de vie…
Enfin, la famille, comme ecclesiola, c’est-à-dire comme une petite Église miniature au sein de laquelle la foi peut être concrètement pratiquée, enseignée et célébrée, offre à tous et à chacun, et à commencer par les enfants, un cadre privilégié et incontournable pour grandir dans la grâce de Dieu. On ne le dira jamais assez : « Les parents sont les premiers éducateurs de la foi de leurs enfants. » Peut-être, alors, ce dimanche, en lien avec les trois grands repères que je viens d’évoquer, peut-il être pour chacune de nos familles, l’occasion d’un bilan de santé, confiant mais sincère.
L’enfant Jésus, nous disait saint Luc dans l’Évangile d’aujourd’hui, grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Qu’à l’exemple de la Sainte Famille, nos propres familles, Seigneur, puissent devenir des foyers de vie et d’amour, capables de faire croître nos enfants en taille, en sagesse et en grâce. En associant au don de soi la responsabilité d’être parents, offre, Seigneur, à toutes les mamans et à tous les papas de la terre, la grâce et la joie de fonder une sainte et belle famille.
AMEN.
jeudi 25 décembre 2008
IV Dimanche in Adventu - B
Nous voilà déjà arrivés au 4e dimanche de l’Avent. Dans trois jours, nous célèbrerons la nuit de Noël, cette nuit bénie entre toutes les nuits, au cours de laquelle le Rédempteur de l’homme s’est donné à nous pour toujours, sous les traits adorables d’un enfant.
Aussi, quoi de plus naturel au fait que la liturgie de ce dimanche nous renvoie à l’annonce de cette naissance, dont nous devons, à saint Luc, le récit inspiré. Mais au-delà du fait historique de l’Événement, attachons-nous, toujours dans le cadre de notre préparation spirituelle à Noël, attachons-nous à contempler la Vierge Marie.
Car, avec Jean-Baptiste, Marie est elle aussi une figure incontournable du Temps de l’Avent.
Marie est une figure incontournable du Temps de l’Avent car, ayant trouvé grâce auprès de Dieu, elle est devenue elle-même :
« le chemin » par lequel le Verbe s’est fait chair, c’est-à-dire :
Dans le mystère de sa maternité divine, malgré l’obstacle incontournable que pouvait représenter sa virginité, Marie a donc été, personnellement, « le chemin » par lequel le Sauveur de l’humanité est venu la rejoindre et demeurer en elle.
Aussi, pour nous préparer à recevoir le Christ au cœur de notre propre existence, la leçon que nous pouvons tirer du récit de l’Annonciation est claire : les obstacles à la venue du Seigneur ne sont pas ceux auxquels nous pouvons spontanément penser…
Et l’Évangile d’aujourd’hui, précisément, nous apprend que la virginité de Marie, tout comme l’âge avancé de sa cousine Élizabeth qui ne l’a pas empêché d’enfanter, n’ont jamais représenté un quelconque obstacle à l’accomplissement de la volonté de Dieu. Car, comme l’ange Gabriel le déclare lui-même à Marie : « Rien n’est impossible à Dieu. »
Rien n’est impossible à Dieu… Voilà une parole à croire, chers frères et sœurs, une parole à croire que quel que puisse être notre éloignement de Dieu, nous pouvons toujours, en disant « OUI » à sa volonté, à son amour, nous pouvons toujours le laisser nous rejoindre et demeurer en nous, à l’exemple de Marie.
Dieu, en effet, est celui qui se tient au plus intime de nous-mêmes. Il est celui qui frappe à la porte de notre cœur et attend… Il attend le petit ou le grand « OUI » de notre foi, le petit ou le grand « OUI » qui marquera à tout jamais notre existence. Il attend, mais il ne force personne à l’aimer et à l’accueillir.
Rien n’est impossible à Dieu… Voilà la Parole de Dieu que l’Évangile, en ce quatrième dimanche de l’Avent, nous invite à recevoir dans la foi.
J’ai beau être ceci ou cela, comme ceci ou comme cela, c’est assurément pour nous, les hommes, et pour notre salut, que le Fils de Dieu, en Jésus-Christ, a véritablement pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme.
La conception extraordinaire de cette naissance, telle que nous l’a rapportée l’évangéliste saint Luc, ne constitue pas seulement la preuve que Dieu a voulu prendre une attitude paternelle à l’égard de la Maison de David, comme nous l’avons entendu du prophète Nathan dans la première lecture. Bien plus encore, elle aussi un signe messianique qui nous invite à croire en la divinité même de l’Enfant, au fait irréductible, aux yeux de la foi, qu’en Jésus de Nazareth, Dieu s’est fait l’un de nous, Dieu s’est rendu accessible à nous.
Si nous sommes prêts à le croire, nous sommes donc prêts à le recevoir…
AMEN.
mardi 16 décembre 2008
III Dimanche in Adventu - B
Chers frères et sœurs,
Dimanche dernier, l’Église nous proposait de nous préparer à la venue du Seigneur en nous donnant l’occasion de méditer en quoi la prédication et le ministère de Jean-Baptiste, pour saint Marc, s’inscrivaient naturellement comme le Commencement – le premier acte – de l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.
Aujourd’hui, en ce troisième dimanche de l’Avent, c’est encore la figure de Jean-Baptiste que l’Église nous invite à contempler, à travers, cette fois-ci, le témoignage de l’évangéliste saint Jean qui, avant d’être Apôtre de Jésus, fut lui-même l’un des nombreux disciples de Jean-Baptiste.
Mais qui, au juste, était Jean-Baptiste ? Pour les chefs religieux de Jérusalem qui, en matière de religion et de dogmes, n’admettaient pas d’autre autorité que la leur, la question de l’identité spirituelle du Baptiste semblait constituer un véritable problème qu’il fallait clarifier au plus vite afin de savoir quelle attitude concrète il fallait ensuite adopter envers lui. Aussi firent-ils demander à Jean de décliner son identité en fonction de grands personnages dont la venue, prophétisée dans les Écritures, devait marquer à tout jamais l’avènement du Règne de Dieu, autrement dit la victoire du peuple juif sur tous ses ennemis.
Mais Jean leur répond qu’il n’est pas le Messie, c’est-à-dire qu’il n’est pas l’un de ces grands personnages de la foi juive.
• Ni en la personne du prophète Élie dont il avait pourtant adopté l’austérité et la tenue vestimentaire.
• Ni en la personne de ce mystérieux Prophète, chargé de parler au Peuple au nom de Dieu et dont le grand Moïse avait jadis annoncé la venue.
En fait, leur révèle Jean-Baptiste, en se référant lui aussi aux Écritures, ce n’est que dans la réalité de sa mission que son identité spirituelle ne peut que pleinement se comprendre, tant l’une et l’autre se confondent dans le témoignage de sa vie.
Par toute sa vie, en effet, Jean-Baptiste n’a cessé d’amener le peuple à croire en la venue du Messie, à croire en la venue du Christ. Non pas en une venue théorique, qui serait encore à venir, qui serait encore à espérer, à désirer, mais en une venue déjà mystérieusement accomplie et dont il fallait concrètement se réjouir, comme lui-même s’en était très tôt réjouit en tressaillant d’allégresse dans le sein de sa mère, lors de la Visite que lui fit la Vierge Marie, alors tout juste enceinte de Jésus. C’est ce que nous rappelle, précisément, le « Magnificat », ce cantique d’action de grâces, que chanta la Vierge Marie à sa cousine Élizabeth et que nous avons nous aussi, entendu tout à l’heure.
Si les foules, en masse, accouraient donc ainsi auprès de Jean, exprimer leur désir de conversion comme en réponse au signe de consolation céleste que son baptême constituait à leurs yeux, c’est parce que ces foules voyaient en lui, malgré l’austérité de sa vie et de sa morale, elles voyaient en lui un joyeux témoin de la Venue du Sauveur. D’un sauveur longtemps désiré, prophétisé et aujourd’hui, mystérieusement présent au milieu d’elles. Quelle impression, alors, la prédication du Baptiste devait-elle produire dans les cœurs de ces foules !
Et nous ?
Quelle impression la prédication du Baptiste laisse-t-elle en nos cœurs, en ces quelques jours qui nous séparent de Noël, en ces quelques jours où nous sommes appelés, comme tant d’autres, non pas d’abord à nous restaurer de foie gras et de vins capiteux, mais à reconnaître, avant toutes choses, en vertu de notre foi en l’Évangile, que Dieu Notre-Sauveur, en la personne de Jésus de Nazareth, s’est fait « Emmanuel » : Dieu avec nous.
Si l’Église a fait de saint Jean-Baptiste une figure incontournable du temps de l’Avent, vous l’aurez compris, chers frères et sœurs, c’est pour nous inviter, tous et chacun, comme saint Paul nous le disait dans la deuxième lecture, c’est pour nous inviter à être toujours dans la joie et l’action de grâces.
Dans la joie et l’action de grâces de savoir Jésus toujours vivant au milieu de nous, à nos côtés. Sachant qu’à travers ce vibrant témoignage de notre foi, nous contribuons certainement à ce que d’autres personnes soient amenées à croire, à croire qu’au milieu d’elles, se tient Celui qu’elles ne connaissent pas encore.
Alors Jésus, que ce Noël 2008 vienne illuminer nos vies de la joie qui rayonnait dans les cœurs de Marie, ta Mère et de saint Jean-Baptiste, qui fut, pour ainsi dire, le premier témoin de ta venue, le premier catéchiste de l’histoire, là-bas, au bord du Jourdain.
AMEN.
Dimanche dernier, l’Église nous proposait de nous préparer à la venue du Seigneur en nous donnant l’occasion de méditer en quoi la prédication et le ministère de Jean-Baptiste, pour saint Marc, s’inscrivaient naturellement comme le Commencement – le premier acte – de l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.
Aujourd’hui, en ce troisième dimanche de l’Avent, c’est encore la figure de Jean-Baptiste que l’Église nous invite à contempler, à travers, cette fois-ci, le témoignage de l’évangéliste saint Jean qui, avant d’être Apôtre de Jésus, fut lui-même l’un des nombreux disciples de Jean-Baptiste.
Mais qui, au juste, était Jean-Baptiste ? Pour les chefs religieux de Jérusalem qui, en matière de religion et de dogmes, n’admettaient pas d’autre autorité que la leur, la question de l’identité spirituelle du Baptiste semblait constituer un véritable problème qu’il fallait clarifier au plus vite afin de savoir quelle attitude concrète il fallait ensuite adopter envers lui. Aussi firent-ils demander à Jean de décliner son identité en fonction de grands personnages dont la venue, prophétisée dans les Écritures, devait marquer à tout jamais l’avènement du Règne de Dieu, autrement dit la victoire du peuple juif sur tous ses ennemis.
Mais Jean leur répond qu’il n’est pas le Messie, c’est-à-dire qu’il n’est pas l’un de ces grands personnages de la foi juive.
• Ni en la personne du prophète Élie dont il avait pourtant adopté l’austérité et la tenue vestimentaire.
• Ni en la personne de ce mystérieux Prophète, chargé de parler au Peuple au nom de Dieu et dont le grand Moïse avait jadis annoncé la venue.
En fait, leur révèle Jean-Baptiste, en se référant lui aussi aux Écritures, ce n’est que dans la réalité de sa mission que son identité spirituelle ne peut que pleinement se comprendre, tant l’une et l’autre se confondent dans le témoignage de sa vie.
Par toute sa vie, en effet, Jean-Baptiste n’a cessé d’amener le peuple à croire en la venue du Messie, à croire en la venue du Christ. Non pas en une venue théorique, qui serait encore à venir, qui serait encore à espérer, à désirer, mais en une venue déjà mystérieusement accomplie et dont il fallait concrètement se réjouir, comme lui-même s’en était très tôt réjouit en tressaillant d’allégresse dans le sein de sa mère, lors de la Visite que lui fit la Vierge Marie, alors tout juste enceinte de Jésus. C’est ce que nous rappelle, précisément, le « Magnificat », ce cantique d’action de grâces, que chanta la Vierge Marie à sa cousine Élizabeth et que nous avons nous aussi, entendu tout à l’heure.
Si les foules, en masse, accouraient donc ainsi auprès de Jean, exprimer leur désir de conversion comme en réponse au signe de consolation céleste que son baptême constituait à leurs yeux, c’est parce que ces foules voyaient en lui, malgré l’austérité de sa vie et de sa morale, elles voyaient en lui un joyeux témoin de la Venue du Sauveur. D’un sauveur longtemps désiré, prophétisé et aujourd’hui, mystérieusement présent au milieu d’elles. Quelle impression, alors, la prédication du Baptiste devait-elle produire dans les cœurs de ces foules !
Et nous ?
Quelle impression la prédication du Baptiste laisse-t-elle en nos cœurs, en ces quelques jours qui nous séparent de Noël, en ces quelques jours où nous sommes appelés, comme tant d’autres, non pas d’abord à nous restaurer de foie gras et de vins capiteux, mais à reconnaître, avant toutes choses, en vertu de notre foi en l’Évangile, que Dieu Notre-Sauveur, en la personne de Jésus de Nazareth, s’est fait « Emmanuel » : Dieu avec nous.
Si l’Église a fait de saint Jean-Baptiste une figure incontournable du temps de l’Avent, vous l’aurez compris, chers frères et sœurs, c’est pour nous inviter, tous et chacun, comme saint Paul nous le disait dans la deuxième lecture, c’est pour nous inviter à être toujours dans la joie et l’action de grâces.
Dans la joie et l’action de grâces de savoir Jésus toujours vivant au milieu de nous, à nos côtés. Sachant qu’à travers ce vibrant témoignage de notre foi, nous contribuons certainement à ce que d’autres personnes soient amenées à croire, à croire qu’au milieu d’elles, se tient Celui qu’elles ne connaissent pas encore.
Alors Jésus, que ce Noël 2008 vienne illuminer nos vies de la joie qui rayonnait dans les cœurs de Marie, ta Mère et de saint Jean-Baptiste, qui fut, pour ainsi dire, le premier témoin de ta venue, le premier catéchiste de l’histoire, là-bas, au bord du Jourdain.
AMEN.
lundi 8 décembre 2008
II Dimanche in Adventu - B
La liturgie de la Parole, aujourd’hui, en ce deuxième dimanche de l’Avent, nous invite à nous rendre spirituellement présents auprès de Jean-Baptiste. À nous rendre spirituellement présents à son message, par la puissance de notre foi, car l’écoute et l’accueil de ses paroles, nous révèle saint Marc, constituent, pour ainsi dire, le Commencement, le premier acte, de ce que saint Marc appelle en grec : l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu…
Le mot « évangile », et notre lectionnaire liturgique a opté pour ce choix, peut littéralement se traduire, c’est vrai, par l’expression « Bonne Nouvelle »… Mais cette traduction, aussi littérale ou légitime soit-elle, ne rend cependant pas totalement compte de tout ce que le mot « évangile » pouvait signifier aux oreilles et au cœur des auditeurs de saint Marc. Aussi me semble-t-il important de bien clarifier ce terme « d’évangile » pour mieux comprendre ensuite, non seulement :
« L’audit populaire » que Jean-Baptiste avait dans le royaume de Judée, puisque l’évangéliste nous précise bien que tous les habitants de Jérusalem venaient à lui. Tous les habitants de Jérusalem : c’est-à-dire pas seulement les juifs, mais aussi les marchands et les soldats étrangers. Ce que confirme, par ailleurs, le récit de l’évangéliste saint Luc.
Mais aussi, pour mieux comprendre combien les paroles de Jean le Baptiseur, peuvent véritablement s’inscrire, pour nous, aujourd’hui, dans une authentique préparation de l’Avent, c’est-à-dire dans une fructueuse préparation de nos cœurs à la venue du Seigneur.
Le mot « évangile » a été emprunté au langage des empereurs romains qui, se considérant comme des dieux, utilisaient généralement ce terme pour désigner un message qu’ils jugeaient indispensable et capital de transmettre au monde pour le bien être et le salut de l’empire. (Cf. Jésus de Nazareth, de Benoît XVI, chap. III.)
Si donc l’évangéliste saint Marc a repris ce mot, c’était d’abord pour signifier au monde que le salut que les empereurs romains prétendaient à tort instaurer, n’étant que des faux dieux totalement impuissants, devenait en fait réalité, et pas seulement discours, à travers la prédication de Jésus de Nazareth, lui qui est véritablement Fils de Dieu.
En tous cas, si la prédication de Jean constitue véritablement le Commencement de l’Évangile du Christ, sa Genèse, la prédication du Baptiste constitue, par conséquent, la première étape, la première réalisation, d’un événement « en passe de s’accomplir » et dont la signification mystérieuse nous sera pleinement manifestée en Jésus le Messie, par qui nous sont venues la grâce et la vérité…
Mais en quoi consiste, précisément, cette première étape vers la grâce du salut ?
Saint Marc nous le donne à comprendre, très simplement, en nous révélant le sens du baptême que Jean conférait aux foules. Et il nous le révèle à travers sa propre lecture croyante de l’Écriture, en citant, notamment, le même passage du prophète Isaïe que nous avons entendu en première lecture et dont les premiers mots étaient : « Consolez, consolez mon Peuple. […] Préparez le chemin du Seigneur. »
De la part du Seigneur, le baptême de Jean était donc, pour tous, un signe de consolation, un signe de miséricorde, destiné à provoquer les hommes à se convertir, c’est-à-dire à ouvrir leur cœur au Salut de Dieu en passe de se manifester à travers la personne et l’œuvre de Jésus de Nazareth.
Le baptême de Jean était certes un appel à la conversion mais en tant qu’il était d’abord, réellement, en lui-même, un signe de consolation, un signe de miséricorde, c’est-à-dire une initiative de Dieu qui vient à la rencontre de l’homme pécheur.
Autrement dit, à travers le récit qui vient de nous être fait, la prédication de Jean le Baptiste peut véritablement constituer, pour chacun d’entre nous, le Commencement d’une Bonne Nouvelle. Pour nous aussi, aujourd’hui, la prédication du Baptiste peut véritablement devenir un signe de miséricorde destiné à toucher nos cœurs et à nous tourner concrètement vers Dieu, avec droiture et vérité, particulièrement dans l’aveu individuel de nos fautes.
Tel est le message que nous délivre l’Église en ce deuxième dimanche de l’Avent.
AMEN
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