lundi 9 mars 2009

2e Dimanche in Quadragesima - B

Chers frères et sœurs,

La première phrase de l’Évangile peut prêter à sourire : « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il les amena sur une haute montagne. » En effet, le mont Thabor, que l’on pense être le lieu de la Transfiguration, est loin d’être une haute montagne comme nous pouvons, par exemple, en connaître en Savoie. C’est plutôt une belle colline qui émerge d’une large plaine environnante et atteint environ six cents mètres d’altitude.


Toutefois, si saint Marc nous parle d’une haute montagne, ce n’est ni pour embellir les souvenirs qu’il tient de saint Pierre, ni pour nous induire en erreur. Le propos de l’évangéliste vise plutôt à placer l’événement de la Transfiguration de Jésus dans l’univers symbolique des manifestations – des visites - du Seigneur à son Peuple. Ainsi, ce qui se déroule sur le mont Thabor, devant Pierre, Jacques et Jean, est du même ordre que ce qui s’était déroulé au mont Moriah, pour le sacrifice d’Abraham, puis au Sinaï avec Moïse, ou bien à l’Horeb avec Élie : Dieu visite son Peuple en se révélant à quelques privilégiés, à l’écart, dans des endroits difficilement accessibles, loin du tumulte, là où lui-même aimait se retirer pour prier. Aujourd’hui, c’est pour que les trois apôtres deviennent les témoins de sa Gloire, autrement dit les témoins de son plan de salut à l’égard de toutes les nations de la terre. Car, comme l’enseignait, au deuxième siècle, saint Irénée : « La Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. »


Aussi, à travers le visage transfiguré de Jésus, dont Pierre Jacques et Jean ont été les témoins oculaires, rayonne pour tous les hommes la connaissance de notre salut, autrement dit la connaissance de la Gloire divine à laquelle Dieu nous destine, en vertu de l’intercession du Christ, comme saint Paul nous le rappelait dans la deuxième lecture. Car si le Christ, en donnant sa vie par amour des hommes, a non seulement mérité la Glorification de son propre corps, il a également mérité celle de son Corps mystique qui est l’Église, puisque, comme nous le rappelle le concile Vatican II : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme. » (Cf. Gaudium et spes 22.)


La Transfiguration de Jésus est donc à comprendre comme une manifestation anticipée de la Gloire divine que le Christ tient de son Père, comme Fils unique. Manifestation que l’on dit « anticipée » par rapport aux mérites de sa passion et à la récompense de sa résurrection d’entre les morts qui en découle.


Mais si le Christ, avant l’heure « officielle », pour ainsi dire, anticipe la manifestation de sa Gloire, c’est justement pour nous encourager nous-mêmes à surmonter le scandale de la croix, le scandale de la souffrance humaine, le scandale de nos propres souffrances, quelles qu’elles soient.


En effet, bien qu’il n’y ait pas, en chacune de nos vies, de Dimanche de Pâques sans Vendredi-Saint, tout homme, néanmoins, grâce à Jésus-Christ, a l’assurance d’être appelé à une plénitude de bonheur, à une plénitude de vie avec Dieu.


Et c’est cette perspective-là, cette perspective du salut déjà accompli en Jésus-Christ, qui doit, précisément, susciter notre adhésion personnelle à sa Parole et nous permettre, ainsi, dans l’espérance de la foi, d’accueillir au cœur de notre vie le salut qu’il nous propose, à tous et à chacun… même si nous ne comprenons pas tout, à l’exemple des Apôtres, qui, nous précise saint Marc, sont redescendus de la montagne en se demandant en eux-mêmes ce que « Ressusciter des morts » pouvait bien vouloir dire…


L’Évangile d’aujourd’hui, chers frères et sœurs, est donc à recevoir comme un encouragement personnel, pour nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. À la suite du Christ, qui, seul, et LUI SEUL, est capable de transfigurer notre quotidien, capable aussi d’illuminer nos peines, en nous révélant la Gloire divine qu’il nous a acquise par son incarnation-rédemptrice… et qui, déjà, pour nous, resplendit sur sa face transfigurée. C’est ta face Seigneur que je cherche, ne me cache pas ton visage car mes yeux espèrent ton salut. Que ce temps de Carême soit pour tous l’occasion de rechercher la face de Dieu, particulièrement en venant en aide aux plus petits, à tous les nécessiteux de la vie à qui Jésus s’identifie.


AMEN.

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