Chers frères et sœurs,
L’Évangile de ce troisième dimanche de Carême vient de nous relater l’expulsion des marchands du Temple. La scène, en vérité, ne s’est pas déroulée dans le Temple lui-même mais à l’intérieur de son enceinte que l’on appelait le « Parvis des Gentils ». Ce dernier était tout de même un espace sacré car le Parvis des Gentils était un lieu de prière exclusivement réservé aux croyants des autres nations, c’est-à-dire à tous ceux qui, bien que non-juifs, reconnaissaient, néanmoins, et la foi d’Israël en un Dieu unique et la sainteté de ses commandements, ceux-là mêmes que nous avons entendus au cours de la première lecture. En ce sens, le parvis des Gentils symbolisait l’universalisme du Salut dont Isaïe, cinq ou six siècles auparavant, s’était fait le porte-parole (cf. Is., 2, 1-5). En chassant les marchands du Temple, Jésus accomplit ainsi un geste symbolique fort : il restitue le Parvis des Gentils à sa véritable fonction : être un lieu de prière pour les étrangers parvenus au seuil de la foi d’Israël.
Mais si on peut ainsi expliciter la raison de son geste, tous les témoins de la scène, en revanche, se posent immédiatement des questions quant à la légalité de son intervention. En effet, si Jésus a certes chassé les marchands du Temple pour une cause religieusement juste, son intervention, plutôt musclée, était-elle cependant légitime ? Eh oui ! Car il ne suffit pas d’avoir raison pour rendre soi-même la justice…
D’ailleurs, les Apôtres ont du se poser eux-mêmes la question puisque saint Jean nous dit qu’ils se sont aussitôt expliqués l’intervention de Jésus à partir d’une parole d’un psaume qui leur est revenu en mémoire, le psaume 68 (v.10) qui disait : « L’amour de ta maison fera mon tourment. » Autrement dit, à ce moment là, pour les Apôtres, la réaction énergique de Jésus était à mettre sur le compte « d’une folie d’amour » pour la Maison du Seigneur.
Mais pour les autres Juifs, la chose ne va pas si facilement de soi. Aussi demandent-ils un signe à Jésus pour justifier immédiatement l’autorité énergique dont il vient de faire preuve.
Et là, Jésus leur donne une parole énigmatique : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai. » Mais les Juifs, et qui pourrait le leur reprocher, n’ont pas alors compris la portée symbolique et prophétique de ces paroles.
Paroles symboliques, en effet, car, comme nous le précise saint Jean, le véritable Temple auquel Jésus faisait alors allusion, était en fait son propre corps, son corps humain, puisqu’en lui, étant vrai Dieu et vrai homme, habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col., 3, 20).
Mais aussi, les paroles de Jésus comportaient une signification prophétique : elles faisaient par avance allusion à son relèvement d’entre les morts, le troisième jour, après sa mise à mort sur la croix.
Bref, les paroles de Jésus exprimaient donc, obscurément, en figures, de manière énigmatique, pourrait-on dire, les mystères de son Incarnation, de sa Passion et de sa Résurrection. De sa Résurrection d’entre les morts qui s’imposera, par excellence, comme le SIGNE indubitable attestant sa toute puissance divine. La preuve, c’est que Jésus ne dit pas : « Détruisez ce Temple et Dieu le relèvera le troisième jour. » Mais : « Détruisez ce Temple et [Moi], JE le relèverai le troisième jour. »
À la lumière de notre foi en Jésus ressuscité, nous pouvons donc comprendre que l’autorité en vertu de laquelle Jésus a chassé les marchands du Temple était donc comparable à l’autorité même du Seigneur, le Dieu Tout-Puissant d’Israël. Quand nous lisons que Jésus a chassé les marchands du Temple, il faut en réalité comprendre quà travers cet événement, c’est le propre Fils de Dieu qui a fait le ménage dans la Maison de son Père et ce, afin que les païens puissent de nouveau venir y prier.
Pour nous, qui sommes chrétiens, la Maison du Père, c’est l’Église, Corps mystique du Christ. Mystérieuse réalité où toutes les nations, unies dans la foi et la grâce d’un même baptême, peuvent venir adorer et prier le Seigneur. Et l’Évangile que nous venons d’entendre a, par conséquent, de quoi nous interroger…
D’abord, quelle est notre vision de l’Église catholique ? Est-elle pour nous un piédestal pour réaliser des ambitions personnelles ou un désir quelconque de reconnaissance ? Ou bien est-elle un lieu sacré, de communion et d’amour, où nul n’est de trop, où tous et chacun peuvent exercer leurs apostolats respectifs et vivre ainsi de l’Évangile ? (Cf. Lumen Gentium 20.)
Deuxièmement, sommes-nous nous-mêmes suffisamment « dévorés d’amour » pour l’Église comme le Seigneur l’était lui-même pour le Temple ? Avons-nous suffisamment de « zèle apostolique » pour fraternellement corriger ceux d’entre-nous dont l’attrait de l’argent, les contre-témoignages ou les mauvais exemples, pourraient empêcher d’autres personnes de rejoindre la foi de l’Église ?
Pour ce troisième dimanche de Carême, voilà deux bonnes questions à méditer pour éventuellement convertir notre regard sur le mystère de l’Église. AMEN.
L’Évangile de ce troisième dimanche de Carême vient de nous relater l’expulsion des marchands du Temple. La scène, en vérité, ne s’est pas déroulée dans le Temple lui-même mais à l’intérieur de son enceinte que l’on appelait le « Parvis des Gentils ». Ce dernier était tout de même un espace sacré car le Parvis des Gentils était un lieu de prière exclusivement réservé aux croyants des autres nations, c’est-à-dire à tous ceux qui, bien que non-juifs, reconnaissaient, néanmoins, et la foi d’Israël en un Dieu unique et la sainteté de ses commandements, ceux-là mêmes que nous avons entendus au cours de la première lecture. En ce sens, le parvis des Gentils symbolisait l’universalisme du Salut dont Isaïe, cinq ou six siècles auparavant, s’était fait le porte-parole (cf. Is., 2, 1-5). En chassant les marchands du Temple, Jésus accomplit ainsi un geste symbolique fort : il restitue le Parvis des Gentils à sa véritable fonction : être un lieu de prière pour les étrangers parvenus au seuil de la foi d’Israël.
Mais si on peut ainsi expliciter la raison de son geste, tous les témoins de la scène, en revanche, se posent immédiatement des questions quant à la légalité de son intervention. En effet, si Jésus a certes chassé les marchands du Temple pour une cause religieusement juste, son intervention, plutôt musclée, était-elle cependant légitime ? Eh oui ! Car il ne suffit pas d’avoir raison pour rendre soi-même la justice…
D’ailleurs, les Apôtres ont du se poser eux-mêmes la question puisque saint Jean nous dit qu’ils se sont aussitôt expliqués l’intervention de Jésus à partir d’une parole d’un psaume qui leur est revenu en mémoire, le psaume 68 (v.10) qui disait : « L’amour de ta maison fera mon tourment. » Autrement dit, à ce moment là, pour les Apôtres, la réaction énergique de Jésus était à mettre sur le compte « d’une folie d’amour » pour la Maison du Seigneur.
Mais pour les autres Juifs, la chose ne va pas si facilement de soi. Aussi demandent-ils un signe à Jésus pour justifier immédiatement l’autorité énergique dont il vient de faire preuve.
Et là, Jésus leur donne une parole énigmatique : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai. » Mais les Juifs, et qui pourrait le leur reprocher, n’ont pas alors compris la portée symbolique et prophétique de ces paroles.
Paroles symboliques, en effet, car, comme nous le précise saint Jean, le véritable Temple auquel Jésus faisait alors allusion, était en fait son propre corps, son corps humain, puisqu’en lui, étant vrai Dieu et vrai homme, habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col., 3, 20).
Mais aussi, les paroles de Jésus comportaient une signification prophétique : elles faisaient par avance allusion à son relèvement d’entre les morts, le troisième jour, après sa mise à mort sur la croix.
Bref, les paroles de Jésus exprimaient donc, obscurément, en figures, de manière énigmatique, pourrait-on dire, les mystères de son Incarnation, de sa Passion et de sa Résurrection. De sa Résurrection d’entre les morts qui s’imposera, par excellence, comme le SIGNE indubitable attestant sa toute puissance divine. La preuve, c’est que Jésus ne dit pas : « Détruisez ce Temple et Dieu le relèvera le troisième jour. » Mais : « Détruisez ce Temple et [Moi], JE le relèverai le troisième jour. »
À la lumière de notre foi en Jésus ressuscité, nous pouvons donc comprendre que l’autorité en vertu de laquelle Jésus a chassé les marchands du Temple était donc comparable à l’autorité même du Seigneur, le Dieu Tout-Puissant d’Israël. Quand nous lisons que Jésus a chassé les marchands du Temple, il faut en réalité comprendre quà travers cet événement, c’est le propre Fils de Dieu qui a fait le ménage dans la Maison de son Père et ce, afin que les païens puissent de nouveau venir y prier.
Pour nous, qui sommes chrétiens, la Maison du Père, c’est l’Église, Corps mystique du Christ. Mystérieuse réalité où toutes les nations, unies dans la foi et la grâce d’un même baptême, peuvent venir adorer et prier le Seigneur. Et l’Évangile que nous venons d’entendre a, par conséquent, de quoi nous interroger…
D’abord, quelle est notre vision de l’Église catholique ? Est-elle pour nous un piédestal pour réaliser des ambitions personnelles ou un désir quelconque de reconnaissance ? Ou bien est-elle un lieu sacré, de communion et d’amour, où nul n’est de trop, où tous et chacun peuvent exercer leurs apostolats respectifs et vivre ainsi de l’Évangile ? (Cf. Lumen Gentium 20.)
Deuxièmement, sommes-nous nous-mêmes suffisamment « dévorés d’amour » pour l’Église comme le Seigneur l’était lui-même pour le Temple ? Avons-nous suffisamment de « zèle apostolique » pour fraternellement corriger ceux d’entre-nous dont l’attrait de l’argent, les contre-témoignages ou les mauvais exemples, pourraient empêcher d’autres personnes de rejoindre la foi de l’Église ?
Pour ce troisième dimanche de Carême, voilà deux bonnes questions à méditer pour éventuellement convertir notre regard sur le mystère de l’Église. AMEN.

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