mardi 10 février 2009

5e Dimanche per annum - B

Chers frères et sœurs,

Comme vous l’avez entendu, l’Évangile d’aujourd’hui fait immédiatement suite à celui de dimanche dernier, au cours duquel Jésus manifesta publiquement l’autorité de son enseignement. Mais, aujourd’hui, à travers le récit de la guérison de la belle-mère de Simon, saint Marc veut nous dire autre chose… quelque chose d’essentiel quant à la personne et à la mission de Jésus.


Tout d’abord, c’est un jour de sabbat que Jésus opère cette guérison. Et si, à la suite de ce miracle, on lui amènera d’autres malades, ce ne sera qu’après le coucher du soleil, autrement dit le jour suivant, quand prendra fin le sabbat, selon les usages du calendrier juif. Ce détail n’est pas sans importance. Dans la théologie juive, en effet, le sabbat était, pour l’homme, le Jour du Seigneur, c’est-à-dire le Jour, par excellence, où l’homme, délivré de toute servitude, pouvait alors entièrement, âme et corps, se consacrer au service de Dieu.


En guérissant donc un jour de Sabbat, Jésus manifeste, pour ainsi dire, le sens salvifique de sa venue : délivrer l’homme de l’esclavage du Mal, de l’esclavage de ses péchés, dont la fièvre, selon la mentalité biblique de l’époque, était un symptôme symbolique (cf. Deut., 28, 21 et Lév., 26, 16). À travers le miracle opéré, Jésus accrédite ainsi sa messianité, c’est-à-dire la raison essentielle pour laquelle lui, le Verbe du Père, est sorti de son éternité silencieuse pour proclamer à tous la Bonne Nouvelle du Salut, l’Évangile de Dieu. Jésus est le Messie, celui qui est venu guérir et attendrir le cœur de l’homme que le péché avait blessé et endurci à l’accueil de la Parole de Dieu.


Avez-vous remarqué, par ailleurs, comment se termine le récit de la guérison de la belle-mère de Simon ?


Aussitôt levée, ressuscitée, nous rapporte saint Marc en grec, la belle-mère de Simon se mit à servir Jésus et ses disciples. Là encore, ce détail n’est pas anodin. Pour Marc, il nous invite à lire entre les lignes, à découvrir plus profondément encore, qui est véritablement Jésus. Non pas un marabout quelconque mais la Parole même de Dieu : le Rédempteur de l’homme.


En effet, le Jour du sabbat, je viens de le dire, était un jour consacré au Seigneur. Un jour, par conséquent, au cours duquel il était scrupuleusement interdit de travailler. Si donc l’évangéliste prend soin de nous rapporter qu’aussitôt guérie, la belle-mère de Simon se mit à servir Jésus, alors que nous sommes toujours en plein sabbat, n’est-ce pas pour nous donner à comprendre, qu’à travers l’événement existentiel de sa guérison miraculeuse, de sa « résurrection », de ce contact intime avec la main du Christ, la belle-mère de Simon avait immédiatement discerné, en Jésus, non seulement le Messie, mais plus encore : Dieu lui-même, en personne. Autrement dit, l’Unique, le Seul pour qui il soit permit, LE jour de sabbat, le Seul pour qui il soit permis de se mettre en tenue de service, dans l’action de grâce, le culte et la prière.


C’est là, chers frères et sœurs, une expérience existentielle de foi que chacun d’entre nous a la possibilité de vivre à son tour, à condition d’accepter de nous laisser saisir par le Christ, particulièrement à travers les sacrements de l’Église qui sont, pour ainsi dire, comme des gestes par lesquels Dieu vient à notre rencontre, prendre notre main, soigner nos blessures et ainsi nous révéler que nous avons du prix à ses yeux, que notre existence vaut la peine d’être vécue, particulièrement dans le service de l’amour.


« Tout le monde te cherche », avait chuchoté Simon à l’oreille de Jésus en prière, à l’aurore du jour qui succéda à celui de la guérison de sa belle-mère… Et Jésus lui a répondu : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins. » Quelles curieuses paroles…


À travers la quête d’un sens à donner à son existence, on peut dire, aujourd’hui encore plus qu’hier, que tout le monde cherche Dieu, même les jeunes qui, pourtant, paraissent si éloignés de la question de Dieu. Tout le monde cherche Dieu, mais, hélas ! Tout le monde ne le trouve pas nécessairement. Pourquoi ? Parce qu’il faut, pour cela, accepter, dans la confiance de la foi, d’écouter le Christ dans « l’ailleurs spirituel » où lui-même ne cesse de se rendre pour annoncer l’Évangile, la Parole de Dieu.


Cet « ailleurs spirituel » peut être territorial : une localité voisine de la nôtre où, désormais, l’Évangile doit être annoncé, où l’Eucharistie doit être célébrée. Mais il peut être aussi, et plus encore, à l’intérieur de nous-mêmes, dans ce petit coin intime de l’âme et qu’on appelle la conscience morale.


La conscience morale de l’homme, disons-le ainsi, est comme une « Galilée spirituelle » où la voix de Dieu, en dépit de tout ce qui peut affliger et endurcir notre cœur : maladies, péchés, doutes, injustices (cf. Job en 1re lecture), où la voix de Dieu ne cesse de proclamer l’Évangile de la vie : c’est-à-dire l’affirmation qu’il n’est jamais trop tard pour donner un sens évangélique à notre existence, qu’il n’est jamais trop tard pour mettre joyeusement le don de soi au cœur de notre vie.


Alors, chers frères et sœurs, acceptons-nous de faire confiance à la Parole de Dieu qui nous est dite aujourd’hui ? Acceptons-nous de nous mettre nous-mêmes à la suite du Christ et de redire, à l’exemple de l’Apôtre Paul que nous avons entendu en deuxième lecture : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile. »


Libres à l’égard de tous, par la liberté intérieure que Dieu nous offre dans le don de sa grâce, nous pouvons, nous aussi, nous faire les serviteurs de tous, afin d’en gagner au Seigneur le plus grand nombre possible. C’est là tout le sens de notre coresponsabilité au cœur de la mission de l’Église dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui. Coresponsabilité à laquelle nos évêques nous appellent, tous et chacun, selon les spécificités et la réciprocité de nos sacerdoces, baptismal et sacerdotal, de nos charismes, de nos lieux de vie, de nos services, de nos mouvements…

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