dimanche 1 février 2009

4e Dimanche per annum - B

Chers frères et sœurs,


Alors qu’avec ce 4e dimanche per annum nous entrons de plain pied dans l’ordinaire du temps de l’Église, du moins dans sa partie située avant le commencement du Carême, l’Évangile de saint Marc que nous venons d’entendre nous renvoie tout au début du ministère public du Christ, à Capharnaüm.


Jésus vient de prendre part à la liturgie synagogale. Après avoir lu un passage des Saintes Écritures, Jésus a pris la parole et commenté le texte sacré. Bref, selon les coutumes liturgiques de l’époque, il vient de prononcer une « homélie », un enseignement, dont le style et le contenu ont suscité l’étonnement de la foule.


Le style, tout d’abord… À la synagogue de Capharnaüm, Jésus a livré un enseignement particulier. Non pas à la manière des scribes… nous précise saint Marc. C’est que les scribes, habituellement, commentaient les textes sacrés en se référant à telle ou telle parole d’un Maître ou, si l’on préfère, à telle ou telle interprétation d’un Docteur de la Loi. Bref, les scribes lisaient l’Écriture dans la lumière de la Tradition rabbinique, de la Tradition qui était légitimement la leur, un peu comme nous-mêmes lisons la Bible dans la lumière de la Tradition apostolique. Or, voilà que Jésus, à travers l’occasion qui lui est donnée de commenter publiquement l’Écriture, se manifeste lui-même comme ayant autorité en la matière, à la manière d’un prophète, d’un grand prophète, comme il n’y en avait jamais eu de plus grand depuis Moïse (cf. 1re lecture). La foule a donc été frappée par cette manière de faire, par cette façon apparemment exceptionnelle qu’avait Jésus de commenter et d’enseigner les prophéties de l’Écriture, comme si les paroles mêmes de Dieu étaient mystérieusement dans son cœur et sur ses lèvres.


Hélas, saint Marc ne nous a pas rapporté le contenu de cet enseignement, ni même le passage biblique auquel il devait se rapporter. Mais la soudaine réaction d’un homme, d’un homme tourmenté par un esprit mauvais, au sein même de l’assemblée liturgique, peut nous aider, en quelque sorte, à reconstituer le puzzle.


Entre autres choses, que dit cet homme ? « Je sais fort bien qui tu es [Jésus de Nazareth] : le Saint, le Saint de Dieu. »


L’enseignement de Jésus, eu égard à la réaction de cet homme, devait donc porter sur le mystère de sa propre identité, un peu comme ce sera le cas, plus tard, à la synagogue de Nazareth, lorsque Jésus commentera les oracles messianiques d’Isaïe en déclarant publiquement : « C’est aujourd’hui que ces paroles s’accomplissent. » Sous-entendu : « Le Messie dont vous attendez la venue, eh bien ! C’est moi… : Jésus de Nazareth. »


Resituée dans cette perspective, l’altercation du possédé envers Jésus devient alors compréhensible. Car reconnaître en Jésus le Rédempteur de l’homme, c’était, du même coup, reconnaître en lui l’avènement et le triomphe du Règne de Dieu sur toutes les puissances des ténèbres, ce qu’aucun démon, précisément, n’aurait pu admettre.


Aussi, bien qu’elles confessassent la sainteté humaine de Jésus, sainteté qui ne pouvait pas passer inaperçue parmi les hommes et les mauvais esprits, les paroles du possédé semblaient contester, en revanche, comme une chose impossible, comme une chose impensable, l’enseignement que Jésus délivrait aux foules quant au mystère de sa propre personne et de sa venue messianique.


À cela, rien de bien surprenant... Aujourd’hui encore, beaucoup de personnes veulent bien admettre l’existence et la sainteté historiques de Jésus de Nazareth (Jésus, le Gandhi de l’époque) sans pour autant franchir le seuil de la foi et reconnaître en lui le Fils unique de Dieu, le Rédempteur de l’homme (Cf. Ernest Renan : « Jésus, cet HOMME incomparable »).


Mais revenons à Capharnaüm… En condamnant au silence les paroles du possédé et en expulsant de lui l’esprit mauvais qui le tourmentait, Jésus, par ce miracle, révèle non seulement l’efficacité divine de sa Parole mais il confirme aussi, de manière frappante, nous précise le récit, il confirme aussi la vérité et la signification même de sa venue parmi les siens : Délivrer l’homme du Mal, du Mal et des maux qui le tourmentent et qui l’asservissent.


Mais, au-delà du miracle et de son côté extraordinaire, retenons, pour nous aujourd’hui, que c’est en commentant l’Écriture et en la mettant concrètement en pratique, que Jésus a commencé à se manifester publiquement comme Dieu et Sauveur, autrement dit qu’il a commencé son ministère d’évangélisation.


Quel exemple pour nous ! Pour nous qui avons la possibilité de lire la Bible en ÉGLISE, particulièrement au cours de l’Eucharistie, pour nous qui avons reçu la mission, en vertu de notre baptême, d’annoncer l’Évangile à toutes les nations. C’est donc par là qu’il faut commencer, par une lecture et une pratique assidues des Écritures qui nous enseignent combien Dieu nous aime ; combien il attend, dans la fidélité de son Alliance avec nous, une réponse personnelle et concrète de notre part.


C’est ce que, précisément, à travers l’épître de saint Paul, l’Écriture nous enseigne aujourd’hui : rester attaché au Seigneur, sans partage. Alors, comment accueillons-nous cette Parole de Dieu aujourd’hui ? À quelle conversion personnelle nous invite-t-elle intérieurement ? Quel esprit mauvais, ou plutôt quel mauvais esprit, en nous, dans nos lieux de travail ou dans nos familles, est-elle capable de réduire au silence ? De quels tourments ou souffrances est-elle capable de nous délivrer ou de nous guérir, définitivement ?


Que l’Esprit Saint nous éclaire en toutes ces questions tandis que le sacrement de l’Eucharistie que nous allons recevoir va nourrir en nous la sainteté de notre vie spirituelle.


AMEN.

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