dimanche 29 mars 2009

5e Dimanche in Quadragesima - B

Chers frères et sœurs,

Les textes bibliques des précédents dimanches de Carême, souvenez-vous, nous ont relaté, tour à tour, les grandes Alliances divines qu’a connues le peuple de Dieu tout au long de son histoire.

L’Alliance avec Noé (1er dimanche de Carême) dont l’arc en ciel demeure un signe universel pour tout homme de bonne volonté.
L’Alliance avec Abraham (2e dimanche de Carême) dont l’élection demeure un signe de bénédiction pour toutes les générations de croyants.
L’Alliance au Sinaï, conclue avec Moïse et dont les exigences ont été concrètement promulguées dans le don de la Loi : les Dix Commandements (3e dimanche de Carême).
Alliance rompue par le péché des hommes mais explicitement restaurée dans le signe du retour providentiel du Peuple juif en terre Promise, suite à son exil à Babylone (4e dimanche de Carême).

Et voici qu’aujourd’hui (5e dimanche de Carême), le prophète Jérémie annonce une nouvelle Alliance, dont les exigences ne seront non plus inscrites sur des tables de pierre, mais au plus profond des cœurs, là où la voix de Dieu « s’auto-révèle » à notre conscience, quelle que soit l’envergure de notre instruction religieuse. En effet, dit le prophète : « Tous, du plus grand au plus petit, me connaîtront. »

Aussi, quand parallèlement à cet oracle du prophète Jérémie, l’Évangile d’aujourd’hui nous apprend que même des grecs, à l’occasion de leur pèlerinage à Jérusalem pour fêter la Pâque juive, ont pertinemment cherché à « voir » Jésus, on peut légitimement interpréter leur requête comme un signe des temps, autrement dit, comme un signe attestant que le temps de cette Alliance nouvelle, dont le prophète Jérémie parlait, a bel et bien commencé : « Tous me connaîtront » ; Tous : c’est-à-dire non seulement les croyants de culture juive que les croyants de culture grecque. En Jésus, écrira saint Paul aux Romains : « Il n’y a plus ni juifs ni grecs. »

Quand un homme qui croit en Dieu, de quelque nationalité qu’il soit, demande à voir Jésus, c’est plutôt bon signe. Dans l’Évangile de Jean, en effet, le verbe « voir » est bien souvent synonyme du verbe « croire ». La démarche de ces grecs désireux de croire en Jésus inaugure ainsi l’accomplissement des paroles de Jésus que nous avons entendues dans la conclusion de notre évangile : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

Spontanément, nous pourrions penser que Jésus faisait alors allusion à son Ascension à la droite du Père, comme nous le proclamons chaque dimanche au cours du Credo.

Mais saint Jean prend bien soin d’expliciter les propos de Jésus en précisant aussitôt : « Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir. »

Pour saint Jean, la Croix est donc un signe levé destiné à rassembler toutes les nations autour du Christ. Pour saint Jean, la mort de Jésus est un signe qui atteste, par la rémission des péchés qu’elle apporte à l’humanité, que l’heure de l’Alliance nouvelle et éternelle est enfin arrivée. C’est ce que nous chanterons au cours de l’Office du Vendredi Saint : « Voici le bois de la Croix qui a porté le salut du monde. » Comme un grain de blé est semé en terre pour donner du fruit, le don que Jésus a fait de sa propre vie a donné au monde la joie d’un salut éternel.

Bien que Fils de Dieu, bien que pouvant, de ce fait, échapper à l’angoisse et au supplice de la Croix, Jésus n’a cependant pas revendiqué à Dieu-son-Père le droit d’être traité comme son égal. Mais au contraire, en signe d’amour et de réconciliation envers la multitude des hommes, en signe, également, d’obéissance filiale à la volonté du Père qui veut que tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance de la vérité, Jésus a préféré être solidairement associé, jusqu’au bout, aux cris et aux larmes propres à la souffrance humaine.

Et c’est précisément en vertu de cet acte d’humilité, enveloppé d’amour et d’obéissance, que Jésus a obtenu, pour lui-même et l’ensemble de son Corps mystique qui est l’Église, la grâce du salut éternel. C’était tout le sens de ce passage difficile de la Lettre aux Hébreux que nous avons entendue en deuxième lecture.

Pour nous, qui voulons nous aussi « voir » Jésus, croire en lui davantage pour encore mieux le servir, méditons donc ce mystère de solidarité que Jésus a voulu éprouver jusqu’au bout. « Si quelqu’un me sert, nous a dit Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui, mon Père l’honorera. » Servons donc Jésus, en faisant preuve, comme lui, de solidarité envers nos frères, dans la fécondité de la foi qui aime et de l’amour qui croit. AMEN.

dimanche 22 mars 2009

4e Dimanche in Quadragesima - B

Chers frères et sœurs,

La page de l’évangile que nous venons d’entendre provient d’une conversation que Jésus eût avec un juif, un pharisien appelé Nicodème.


Nicodème était un Docteur de la Loi. Aux yeux de la société juive d’alors, il passait donc pour une personne hautement qualifiée dans l’art d’interpréter les Saintes Écritures. Aussi, bien qu’ayant une certaine ouverture d’esprit vis-à-vis de Jésus, c’est néanmoins à la faveur de l’obscurité de la nuit, qu’il préférait discrètement rencontrer le Christ et écouter sa Parole.


Pour saint Jean, qui en a conservé le souvenir dans son évangile, cet entretien nocturne, entre Jésus et Nicodème, est d’une importance capitale, car il constitue, pour ainsi dire, comme la première catéchèse baptismale de l’histoire. Puisqu’en effet, c’est au terme de cet entretien secret que Jésus révéla à Nicodème la nécessité de renaître de l’eau et de l’Esprit-Saint pour avoir part à la Vie éternelle. Dans l’Évangile de Jean, Nicodème nous est donc présenté comme la figure, le type même du catéchumène, autrement dit le type même d’une personne appelée à passer de l’obscurité du péché à la lumière d’une vie sainte. Aussi, pourquoi pas, dans le cadre de notre préparation spirituelle de Carême à la revification de notre propre grâce baptismale, au cours de la Vigile pascale, n’hésitez surtout pas, d’ici là, à relire l’intégralité de cet entretien.


Pour l’heure, j’aimerais seulement m’attarder sur UN verset de ce texte, sur un verset qui m’apparaît comme un abrégé essentiel de notre foi en Jésus-Christ : « Dieu (je cite ce verset) a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Ainsi, tout homme, qui croit en lui, ne périra pas mais il obtiendra la Vie éternelle. »


« Dieu a tant aimé le monde. » Saint Paul, dans la deuxième lecture que la traduction liturgique a malheureusement édulcorée, nous parle même du « trop grand amour de Dieu » (niam caritatem)…


Dieu, nous pouvons le concevoir par la Raison, a créé le monde par amour. Par pure gratuité d’amour. Mais ce que la Foi nous enseigne, en revanche, à travers ce verset de l’Évangile, c’est cette intensité d’amour que Dieu a pour le monde. Dieu est tellement épris d’amour pour sa création, pour chacune de ses créatures, qu’il ne peut pas se résigner à nous abandonner au pouvoir de la mort et du péché. Et ce paroxysme d’amour, en Dieu, cela s’appelle de la miséricorde. Dans le mot miséricorde, il y a le mot « misère » et le mot « cœur ». Dieu est miséricordieux car il est celui dont le cœur s’ouvre à notre misère. Ce que Jésus, précisément, a concrètement manifesté sur le bois de la Croix, dans l’événement de son cœur transpercé… La foi en la miséricorde de Dieu est donc la clé indispensable pour nous ouvrir à l’intelligence des Écritures, et à travers celles-ci, à la compréhension des grands événements de l’histoire du peuple de Dieu, qu’il s’agisse de son retour d’exil, comme dans la première lecture ou même de l’épisode du Serpent de bronze (raconté dans le Livre des Nombres) auquel Jésus fait lui-même allusion, comme nous l’avons entendu au début de l’Évangile.


« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Ainsi, tout homme qui croit en lui, ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. » Dans le don de son Fils unique, Dieu nous manifeste ainsi la richesse de sa miséricorde, la richesse infinie de sa grâce qu’il nous demande d’accueillir par un véritable acte de foi, c’est-à-dire par un acte de foi capable, en retour, de faire la lumière dans notre vie, d’incarner le Bien au cœur de notre propre existence, de telle sorte, que nos œuvres soient effectivement reconnues comme des œuvres de Dieu, comme des œuvres de miséricorde.


La perfection divine à laquelle Dieu nous appelle est donc celle de la miséricorde. « Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est lui-même miséricordieux », dira justement Jésus par ailleurs.


Alors que nous arrivons à la moitié de notre chemin vers la joie de Pâques, soyons attentifs, chers frères et sœurs, dans nos efforts de Carême, soyons attentifs a particulièrement nous convertir à la miséricorde de Dieu : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde ! »


AMEN.

lundi 16 mars 2009

3e Dimanche in Quadragesima - B

Chers frères et sœurs,

L’Évangile de ce troisième dimanche de Carême vient de nous relater l’expulsion des marchands du Temple. La scène, en vérité, ne s’est pas déroulée dans le Temple lui-même mais à l’intérieur de son enceinte que l’on appelait le « Parvis des Gentils ». Ce dernier était tout de même un espace sacré car le Parvis des Gentils était un lieu de prière exclusivement réservé aux croyants des autres nations, c’est-à-dire à tous ceux qui, bien que non-juifs, reconnaissaient, néanmoins, et la foi d’Israël en un Dieu unique et la sainteté de ses commandements, ceux-là mêmes que nous avons entendus au cours de la première lecture. En ce sens, le parvis des Gentils symbolisait l’universalisme du Salut dont Isaïe, cinq ou six siècles auparavant, s’était fait le porte-parole (cf. Is., 2, 1-5). En chassant les marchands du Temple, Jésus accomplit ainsi un geste symbolique fort : il restitue le Parvis des Gentils à sa véritable fonction : être un lieu de prière pour les étrangers parvenus au seuil de la foi d’Israël.


Mais si on peut ainsi expliciter la raison de son geste, tous les témoins de la scène, en revanche, se posent immédiatement des questions quant à la légalité de son intervention. En effet, si Jésus a certes chassé les marchands du Temple pour une cause religieusement juste, son intervention, plutôt musclée, était-elle cependant légitime ? Eh oui ! Car il ne suffit pas d’avoir raison pour rendre soi-même la justice…


D’ailleurs, les Apôtres ont du se poser eux-mêmes la question puisque saint Jean nous dit qu’ils se sont aussitôt expliqués l’intervention de Jésus à partir d’une parole d’un psaume qui leur est revenu en mémoire, le psaume 68 (v.10) qui disait : « L’amour de ta maison fera mon tourment. » Autrement dit, à ce moment là, pour les Apôtres, la réaction énergique de Jésus était à mettre sur le compte « d’une folie d’amour » pour la Maison du Seigneur.


Mais pour les autres Juifs, la chose ne va pas si facilement de soi. Aussi demandent-ils un signe à Jésus pour justifier immédiatement l’autorité énergique dont il vient de faire preuve.


Et là, Jésus leur donne une parole énigmatique : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai. » Mais les Juifs, et qui pourrait le leur reprocher, n’ont pas alors compris la portée symbolique et prophétique de ces paroles.


Paroles symboliques, en effet, car, comme nous le précise saint Jean, le véritable Temple auquel Jésus faisait alors allusion, était en fait son propre corps, son corps humain, puisqu’en lui, étant vrai Dieu et vrai homme, habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col., 3, 20).


Mais aussi, les paroles de Jésus comportaient une signification prophétique : elles faisaient par avance allusion à son relèvement d’entre les morts, le troisième jour, après sa mise à mort sur la croix.


Bref, les paroles de Jésus exprimaient donc, obscurément, en figures, de manière énigmatique, pourrait-on dire, les mystères de son Incarnation, de sa Passion et de sa Résurrection. De sa Résurrection d’entre les morts qui s’imposera, par excellence, comme le SIGNE indubitable attestant sa toute puissance divine. La preuve, c’est que Jésus ne dit pas : « Détruisez ce Temple et Dieu le relèvera le troisième jour. » Mais : « Détruisez ce Temple et [Moi], JE le relèverai le troisième jour. »


À la lumière de notre foi en Jésus ressuscité, nous pouvons donc comprendre que l’autorité en vertu de laquelle Jésus a chassé les marchands du Temple était donc comparable à l’autorité même du Seigneur, le Dieu Tout-Puissant d’Israël. Quand nous lisons que Jésus a chassé les marchands du Temple, il faut en réalité comprendre quà travers cet événement, c’est le propre Fils de Dieu qui a fait le ménage dans la Maison de son Père et ce, afin que les païens puissent de nouveau venir y prier.


Pour nous, qui sommes chrétiens, la Maison du Père, c’est l’Église, Corps mystique du Christ. Mystérieuse réalité où toutes les nations, unies dans la foi et la grâce d’un même baptême, peuvent venir adorer et prier le Seigneur. Et l’Évangile que nous venons d’entendre a, par conséquent, de quoi nous interroger…


D’abord, quelle est notre vision de l’Église catholique ? Est-elle pour nous un piédestal pour réaliser des ambitions personnelles ou un désir quelconque de reconnaissance ? Ou bien est-elle un lieu sacré, de communion et d’amour, où nul n’est de trop, où tous et chacun peuvent exercer leurs apostolats respectifs et vivre ainsi de l’Évangile ? (Cf. Lumen Gentium 20.)


Deuxièmement, sommes-nous nous-mêmes suffisamment « dévorés d’amour » pour l’Église comme le Seigneur l’était lui-même pour le Temple ? Avons-nous suffisamment de « zèle apostolique » pour fraternellement corriger ceux d’entre-nous dont l’attrait de l’argent, les contre-témoignages ou les mauvais exemples, pourraient empêcher d’autres personnes de rejoindre la foi de l’Église ?


Pour ce troisième dimanche de Carême, voilà deux bonnes questions à méditer pour éventuellement convertir notre regard sur le mystère de l’Église. AMEN.

lundi 9 mars 2009

2e Dimanche in Quadragesima - B

Chers frères et sœurs,

La première phrase de l’Évangile peut prêter à sourire : « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il les amena sur une haute montagne. » En effet, le mont Thabor, que l’on pense être le lieu de la Transfiguration, est loin d’être une haute montagne comme nous pouvons, par exemple, en connaître en Savoie. C’est plutôt une belle colline qui émerge d’une large plaine environnante et atteint environ six cents mètres d’altitude.


Toutefois, si saint Marc nous parle d’une haute montagne, ce n’est ni pour embellir les souvenirs qu’il tient de saint Pierre, ni pour nous induire en erreur. Le propos de l’évangéliste vise plutôt à placer l’événement de la Transfiguration de Jésus dans l’univers symbolique des manifestations – des visites - du Seigneur à son Peuple. Ainsi, ce qui se déroule sur le mont Thabor, devant Pierre, Jacques et Jean, est du même ordre que ce qui s’était déroulé au mont Moriah, pour le sacrifice d’Abraham, puis au Sinaï avec Moïse, ou bien à l’Horeb avec Élie : Dieu visite son Peuple en se révélant à quelques privilégiés, à l’écart, dans des endroits difficilement accessibles, loin du tumulte, là où lui-même aimait se retirer pour prier. Aujourd’hui, c’est pour que les trois apôtres deviennent les témoins de sa Gloire, autrement dit les témoins de son plan de salut à l’égard de toutes les nations de la terre. Car, comme l’enseignait, au deuxième siècle, saint Irénée : « La Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. »


Aussi, à travers le visage transfiguré de Jésus, dont Pierre Jacques et Jean ont été les témoins oculaires, rayonne pour tous les hommes la connaissance de notre salut, autrement dit la connaissance de la Gloire divine à laquelle Dieu nous destine, en vertu de l’intercession du Christ, comme saint Paul nous le rappelait dans la deuxième lecture. Car si le Christ, en donnant sa vie par amour des hommes, a non seulement mérité la Glorification de son propre corps, il a également mérité celle de son Corps mystique qui est l’Église, puisque, comme nous le rappelle le concile Vatican II : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme. » (Cf. Gaudium et spes 22.)


La Transfiguration de Jésus est donc à comprendre comme une manifestation anticipée de la Gloire divine que le Christ tient de son Père, comme Fils unique. Manifestation que l’on dit « anticipée » par rapport aux mérites de sa passion et à la récompense de sa résurrection d’entre les morts qui en découle.


Mais si le Christ, avant l’heure « officielle », pour ainsi dire, anticipe la manifestation de sa Gloire, c’est justement pour nous encourager nous-mêmes à surmonter le scandale de la croix, le scandale de la souffrance humaine, le scandale de nos propres souffrances, quelles qu’elles soient.


En effet, bien qu’il n’y ait pas, en chacune de nos vies, de Dimanche de Pâques sans Vendredi-Saint, tout homme, néanmoins, grâce à Jésus-Christ, a l’assurance d’être appelé à une plénitude de bonheur, à une plénitude de vie avec Dieu.


Et c’est cette perspective-là, cette perspective du salut déjà accompli en Jésus-Christ, qui doit, précisément, susciter notre adhésion personnelle à sa Parole et nous permettre, ainsi, dans l’espérance de la foi, d’accueillir au cœur de notre vie le salut qu’il nous propose, à tous et à chacun… même si nous ne comprenons pas tout, à l’exemple des Apôtres, qui, nous précise saint Marc, sont redescendus de la montagne en se demandant en eux-mêmes ce que « Ressusciter des morts » pouvait bien vouloir dire…


L’Évangile d’aujourd’hui, chers frères et sœurs, est donc à recevoir comme un encouragement personnel, pour nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. À la suite du Christ, qui, seul, et LUI SEUL, est capable de transfigurer notre quotidien, capable aussi d’illuminer nos peines, en nous révélant la Gloire divine qu’il nous a acquise par son incarnation-rédemptrice… et qui, déjà, pour nous, resplendit sur sa face transfigurée. C’est ta face Seigneur que je cherche, ne me cache pas ton visage car mes yeux espèrent ton salut. Que ce temps de Carême soit pour tous l’occasion de rechercher la face de Dieu, particulièrement en venant en aide aux plus petits, à tous les nécessiteux de la vie à qui Jésus s’identifie.


AMEN.

lundi 2 mars 2009

1er Dimanche in Quadragesima - B

Chers frères et sœurs,

Depuis mercredi dernier, Mercredi des Cendres, nous sommes « entrés » dans le Temps du Carême. Le mot Carême vient du latin « quadragesima » qui veut dire quarantaine. Le temps du Carême est donc un temps d’une quarantaine de jours destinés à préparer nos cœurs jusqu’à la grande et belle nuit de Pâques au cours de laquelle nous célèbrerons la Résurrection du Christ. Ce sera ainsi l’occasion de raviver en nous la grâce de notre propre baptême, le don de l’Esprit-Saint qui, comme saint Pierre nous l’affirmait dans la deuxième lecture, nous fait participer, dès ici-bas, à la résurrection et à la glorification de Jésus.


Mais participer à la résurrection et à la glorification de Jésus, c’est prendre conscience et accepter, également, de mettre nos pas à la suite du Christ, autrement dit, accepter de s’engager dans le sillage de sa vocation rédemptrice. Car il n’y a pas de Dimanche de Pâques sans Vendredi Saint.


S’engager dans le sillage de la vocation rédemptrice du Christ, c’est donc, comme nous le disait à nouveau saint Pierre dans la deuxième lecture, c’est s’engager envers Dieu avec une conscience droite. S’engager envers Dieu avec une conscience droite, c’est s’engager en toute loyauté dans l’Alliance divine que le Seigneur nous propose CONTRE celui que Jésus appelle Satan : le Tentateur de l’homme, celui qui, par jalousie à cause de la gloire qui nous est promise en Jésus-Christ, souhaite tous nous dérouter et nous détourner dans la révolte, la violence et l’impasse du péché, à l’exemple des contemporains de Noé.


Mais alors en quoi, précisément, consiste notre engagement dans l’Alliance divine ?


La conclusion de l’Évangile d’aujourd’hui nous l’enseigne par la bouche même de Jésus : Il faut se convertir au Règne de Dieu et croire à l’Évangile. Deux paroles du Christ qui, précisément, avec l’imposition des cendres, constituent le rite liturgique et symbolique de l’Entrée du chrétien en Carême.


Mais que signifient, exactement, ces deux paroles : Se convertir au Règne de Dieu et croire à l’Évangile ?


Se convertir au Règne de Dieu, c’est accepter de se laisser retourner par l’amour de Dieu, lui qui est le créateur de la vie, de notre vie. C’est accepter de se mettre au service du bien en faisant soi-même ce qui est bien à ses yeux. Bref, se convertir au Règne de Dieu, c’est accepter qu’advienne le Bien dans notre vie, quitte pour cela, à se détourner radicalement d’habitudes ou d’attitudes que l’on sait (par la conscience morale) ou que Dieu nous révèle (par les Dix commandements) diamétralement opposées à notre bonheur véritable.


Enfin, croire à l’Évangile, c’est accepter de fixer nos yeux sur Jésus-Christ et croire, à travers les faits et gestes qui ont jalonné son existence terrestre que, quelles que soient les infidélités de l’homme, nos infidélités, Dieu ne nous retire jamais la possibilité de nous réconcilier avec lui. Dieu ne nous retire jamais le bénéfice de l’Alliance divine qu’il nous propose.


Chers frères et sœurs, que l’homélie de ce premier dimanche de Carême devienne pour nous l’occasion d’opter librement sur l’orientation décisive que nous voulons donner à notre existence. Profitons de ces quarante jours de Carême pour incarner concrètement, avec une conscience droite, notre engagement envers Dieu. Particulièrement à travers les trois efforts traditionnellement constitutifs du Carême :


1. Le jeûne, pour prendre conscience et attester au monde que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole de Dieu.
2. La prière, pour prendre conscience et attester au monde qu’on ne peut pas réussir sa vie sans prendre du temps avec Dieu et pour Dieu.
3. L’aumône et le partage, pour prendre conscience et attester au monde que l’homme est essentiellement appelé au don, au don de soi.


Que le Seigneur nous accorde, à tous et à chacun, un bon et saint Carême 2009 ! AMEN.