mardi 30 décembre 2008

Sainte Famille - B

Chers frères et sœurs,

Pour célébrer la fête de la Sainte Famille, l’Église nous donne à méditer l’Évangile de la Présentation de Jésus au Temple. Outre la signification symbolique de l’événement en lui-même, retenons, simplement, la conclusion du récit : « L’enfant ¬ c'est-à-dire Jésus ¬ grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui. »

Et quelques versets plus loin, l’évangéliste saint Luc, pour clore les Évangiles de l’enfance sur le recouvrement de Jésus au Temple, aura, pour ainsi dire, le même refrain, affirmatif : « Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes. »

Jésus, au sein de sa famille, c’est-à-dire auprès de Marie et de Joseph, progressait en sagesse, en taille et en grâce. Nous avons là, lapidairement résumée il est vrai, une sommaire description du rôle fondamental auquel sont appelés les époux chrétiens, lorsque ceux-ci, ne refusant pas l’accueil d’une nouvelle vie, même imprévue, s’offrent généreusement à la responsabilité d’être parents, devant Dieu et devant la société des hommes.

Ainsi donc, si les Évangiles de l’enfance du Christ nous apprennent que Jésus, au sein de sa propre famille, à Nazareth, grandissait en taille, en sagesse et en grâce, c’est bien pour nous signifier, qu’au sein de nos propres familles, chez nous, la vie de nos enfants doit elle aussi pouvoir s’épanouir en 3D, c’est-à-dire en taille (en hauteur), en sagesse (en largeur) et en grâce (c’est-à-dire en profondeur).

En taille, tout d’abord. La famille est le premier lieu où l’enfant doit faire l’apprentissage qu’il n’est pas autonome et qu’il a donc besoin des autres, besoin de vivre en société ne serait-ce que pour grandir et se fortifier. Pour les époux, c’est aussi l’occasion de découvrir combien leur responsabilité d’être parents est chaque jour appelée au don de soi. Combien de papas et de mamans, en effet, ne sacrifient-ils pas leur temps, leurs loisirs, pour procurer à leurs familles le pain quotidien dont elles ont besoin pour grandir en taille…

Mais l’enfant a aussi besoin de grandir en sagesse. Le devoir d’être parent ne se limite donc pas aux seules nécessités de la vie biologique. Encore faut-il que l’enfant soit éduqué aux grandes valeurs qui sont au fondement de toute civilisation proprement humaine. En ce sens, la famille, telle qu’elle est voulue dans le plan de Dieu, est comme la cellule de base de la société, car elle est, par nature, un lieu fondamental au sein duquel peut véritablement s’opérer la transmission d’un savoir, d’un art de vivre en société, d’une sagesse de vie…

Enfin, la famille, comme ecclesiola, c’est-à-dire comme une petite Église miniature au sein de laquelle la foi peut être concrètement pratiquée, enseignée et célébrée, offre à tous et à chacun, et à commencer par les enfants, un cadre privilégié et incontournable pour grandir dans la grâce de Dieu. On ne le dira jamais assez : « Les parents sont les premiers éducateurs de la foi de leurs enfants. » Peut-être, alors, ce dimanche, en lien avec les trois grands repères que je viens d’évoquer, peut-il être pour chacune de nos familles, l’occasion d’un bilan de santé, confiant mais sincère.

L’enfant Jésus, nous disait saint Luc dans l’Évangile d’aujourd’hui, grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

Qu’à l’exemple de la Sainte Famille, nos propres familles, Seigneur, puissent devenir des foyers de vie et d’amour, capables de faire croître nos enfants en taille, en sagesse et en grâce. En associant au don de soi la responsabilité d’être parents, offre, Seigneur, à toutes les mamans et à tous les papas de la terre, la grâce et la joie de fonder une sainte et belle famille.

AMEN.

jeudi 25 décembre 2008

IV Dimanche in Adventu - B

Chers frères et sœurs,

Nous voilà déjà arrivés au 4e dimanche de l’Avent. Dans trois jours, nous célèbrerons la nuit de Noël, cette nuit bénie entre toutes les nuits, au cours de laquelle le Rédempteur de l’homme s’est donné à nous pour toujours, sous les traits adorables d’un enfant.

Aussi, quoi de plus naturel au fait que la liturgie de ce dimanche nous renvoie à l’annonce de cette naissance, dont nous devons, à saint Luc, le récit inspiré. Mais au-delà du fait historique de l’Événement, attachons-nous, toujours dans le cadre de notre préparation spirituelle à Noël, attachons-nous à contempler la Vierge Marie.

Car, avec Jean-Baptiste, Marie est elle aussi une figure incontournable du Temps de l’Avent.

Marie est une figure incontournable du Temps de l’Avent car, ayant trouvé grâce auprès de Dieu, elle est devenue elle-même :

« le chemin » par lequel le Verbe s’est fait chair, c’est-à-dire :
« le chemin » par lequel Celui qui est la Parole de Dieu est sorti de l’éternité silencieuse du Père afin de conduire toutes les nations à l’obéissance de la foi, comme saint Paul nous le disait dans la deuxième lecture.

Dans le mystère de sa maternité divine, malgré l’obstacle incontournable que pouvait représenter sa virginité, Marie a donc été, personnellement, « le chemin » par lequel le Sauveur de l’humanité est venu la rejoindre et demeurer en elle.

Aussi, pour nous préparer à recevoir le Christ au cœur de notre propre existence, la leçon que nous pouvons tirer du récit de l’Annonciation est claire : les obstacles à la venue du Seigneur ne sont pas ceux auxquels nous pouvons spontanément penser…

Et l’Évangile d’aujourd’hui, précisément, nous apprend que la virginité de Marie, tout comme l’âge avancé de sa cousine Élizabeth qui ne l’a pas empêché d’enfanter, n’ont jamais représenté un quelconque obstacle à l’accomplissement de la volonté de Dieu. Car, comme l’ange Gabriel le déclare lui-même à Marie : « Rien n’est impossible à Dieu. »


Rien n’est impossible à Dieu
… Voilà une parole à croire, chers frères et sœurs, une parole à croire que quel que puisse être notre éloignement de Dieu, nous pouvons toujours, en disant « OUI » à sa volonté, à son amour, nous pouvons toujours le laisser nous rejoindre et demeurer en nous, à l’exemple de Marie.

Dieu, en effet, est celui qui se tient au plus intime de nous-mêmes. Il est celui qui frappe à la porte de notre cœur et attend… Il attend le petit ou le grand « OUI » de notre foi, le petit ou le grand « OUI » qui marquera à tout jamais notre existence. Il attend, mais il ne force personne à l’aimer et à l’accueillir.


Rien n’est impossible à Dieu
… Voilà la Parole de Dieu que l’Évangile, en ce quatrième dimanche de l’Avent, nous invite à recevoir dans la foi.

J’ai beau être ceci ou cela, comme ceci ou comme cela, c’est assurément pour nous, les hommes, et pour notre salut, que le Fils de Dieu, en Jésus-Christ, a véritablement pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme.

La conception extraordinaire de cette naissance, telle que nous l’a rapportée l’évangéliste saint Luc, ne constitue pas seulement la preuve que Dieu a voulu prendre une attitude paternelle à l’égard de la Maison de David, comme nous l’avons entendu du prophète Nathan dans la première lecture. Bien plus encore, elle aussi un signe messianique qui nous invite à croire en la divinité même de l’Enfant, au fait irréductible, aux yeux de la foi, qu’en Jésus de Nazareth, Dieu s’est fait l’un de nous, Dieu s’est rendu accessible à nous.


Si nous sommes prêts à le croire, nous sommes donc prêts à le recevoir…


AMEN.

mardi 16 décembre 2008

III Dimanche in Adventu - B

Chers frères et sœurs,

Dimanche dernier, l’Église nous proposait de nous préparer à la venue du Seigneur en nous donnant l’occasion de méditer en quoi la prédication et le ministère de Jean-Baptiste, pour saint Marc, s’inscrivaient naturellement comme le Commencement – le premier acte – de l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.


Aujourd’hui, en ce troisième dimanche de l’Avent, c’est encore la figure de Jean-Baptiste que l’Église nous invite à contempler, à travers, cette fois-ci, le témoignage de l’évangéliste saint Jean qui, avant d’être Apôtre de Jésus, fut lui-même l’un des nombreux disciples de Jean-Baptiste.


Mais qui, au juste, était Jean-Baptiste ? Pour les chefs religieux de Jérusalem qui, en matière de religion et de dogmes, n’admettaient pas d’autre autorité que la leur, la question de l’identité spirituelle du Baptiste semblait constituer un véritable problème qu’il fallait clarifier au plus vite afin de savoir quelle attitude concrète il fallait ensuite adopter envers lui. Aussi firent-ils demander à Jean de décliner son identité en fonction de grands personnages dont la venue, prophétisée dans les Écritures, devait marquer à tout jamais l’avènement du Règne de Dieu, autrement dit la victoire du peuple juif sur tous ses ennemis.


Mais Jean leur répond qu’il n’est pas le Messie, c’est-à-dire qu’il n’est pas l’un de ces grands personnages de la foi juive.


• Ni en la personne du prophète Élie dont il avait pourtant adopté l’austérité et la tenue vestimentaire.


• Ni en la personne de ce mystérieux Prophète, chargé de parler au Peuple au nom de Dieu et dont le grand Moïse avait jadis annoncé la venue.


En fait, leur révèle Jean-Baptiste, en se référant lui aussi aux Écritures, ce n’est que dans la réalité de sa mission que son identité spirituelle ne peut que pleinement se comprendre, tant l’une et l’autre se confondent dans le témoignage de sa vie.


Par toute sa vie, en effet, Jean-Baptiste n’a cessé d’amener le peuple à croire en la venue du Messie, à croire en la venue du Christ. Non pas en une venue théorique, qui serait encore à venir, qui serait encore à espérer, à désirer, mais en une venue déjà mystérieusement accomplie et dont il fallait concrètement se réjouir, comme lui-même s’en était très tôt réjouit en tressaillant d’allégresse dans le sein de sa mère, lors de la Visite que lui fit la Vierge Marie, alors tout juste enceinte de Jésus. C’est ce que nous rappelle, précisément, le « Magnificat », ce cantique d’action de grâces, que chanta la Vierge Marie à sa cousine Élizabeth et que nous avons nous aussi, entendu tout à l’heure.


Si les foules, en masse, accouraient donc ainsi auprès de Jean, exprimer leur désir de conversion comme en réponse au signe de consolation céleste que son baptême constituait à leurs yeux, c’est parce que ces foules voyaient en lui, malgré l’austérité de sa vie et de sa morale, elles voyaient en lui un joyeux témoin de la Venue du Sauveur. D’un sauveur longtemps désiré, prophétisé et aujourd’hui, mystérieusement présent au milieu d’elles. Quelle impression, alors, la prédication du Baptiste devait-elle produire dans les cœurs de ces foules !


Et nous ?


Quelle impression la prédication du Baptiste laisse-t-elle en nos cœurs, en ces quelques jours qui nous séparent de Noël, en ces quelques jours où nous sommes appelés, comme tant d’autres, non pas d’abord à nous restaurer de foie gras et de vins capiteux, mais à reconnaître, avant toutes choses, en vertu de notre foi en l’Évangile, que Dieu Notre-Sauveur, en la personne de Jésus de Nazareth, s’est fait « Emmanuel » : Dieu avec nous.


Si l’Église a fait de saint Jean-Baptiste une figure incontournable du temps de l’Avent, vous l’aurez compris, chers frères et sœurs, c’est pour nous inviter, tous et chacun, comme saint Paul nous le disait dans la deuxième lecture, c’est pour nous inviter à être toujours dans la joie et l’action de grâces.


Dans la joie et l’action de grâces de savoir Jésus toujours vivant au milieu de nous, à nos côtés. Sachant qu’à travers ce vibrant témoignage de notre foi, nous contribuons certainement à ce que d’autres personnes soient amenées à croire, à croire qu’au milieu d’elles, se tient Celui qu’elles ne connaissent pas encore.


Alors Jésus, que ce Noël 2008 vienne illuminer nos vies de la joie qui rayonnait dans les cœurs de Marie, ta Mère et de saint Jean-Baptiste, qui fut, pour ainsi dire, le premier témoin de ta venue, le premier catéchiste de l’histoire, là-bas, au bord du Jourdain.


AMEN.

lundi 8 décembre 2008

II Dimanche in Adventu - B

Chers frères et sœurs,

La liturgie de la Parole, aujourd’hui, en ce deuxième dimanche de l’Avent, nous invite à nous rendre spirituellement présents auprès de Jean-Baptiste. À nous rendre spirituellement présents à son message, par la puissance de notre foi, car l’écoute et l’accueil de ses paroles, nous révèle saint Marc, constituent, pour ainsi dire, le Commencement, le premier acte, de ce que saint Marc appelle en grec : l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu…


Le mot « évangile », et notre lectionnaire liturgique a opté pour ce choix, peut littéralement se traduire, c’est vrai, par l’expression « Bonne Nouvelle »… Mais cette traduction, aussi littérale ou légitime soit-elle, ne rend cependant pas totalement compte de tout ce que le mot « évangile » pouvait signifier aux oreilles et au cœur des auditeurs de saint Marc. Aussi me semble-t-il important de bien clarifier ce terme « d’évangile » pour mieux comprendre ensuite, non seulement :


« L’audit populaire » que Jean-Baptiste avait dans le royaume de Judée, puisque l’évangéliste nous précise bien que tous les habitants de Jérusalem venaient à lui. Tous les habitants de Jérusalem : c’est-à-dire pas seulement les juifs, mais aussi les marchands et les soldats étrangers. Ce que confirme, par ailleurs, le récit de l’évangéliste saint Luc.

Mais aussi, pour mieux comprendre combien les paroles de Jean le Baptiseur, peuvent véritablement s’inscrire, pour nous, aujourd’hui, dans une authentique préparation de l’Avent, c’est-à-dire dans une fructueuse préparation de nos cœurs à la venue du Seigneur.


Le mot « évangile » a été emprunté au langage des empereurs romains qui, se considérant comme des dieux, utilisaient généralement ce terme pour désigner un message qu’ils jugeaient indispensable et capital de transmettre au monde pour le bien être et le salut de l’empire. (Cf. Jésus de Nazareth, de Benoît XVI, chap. III.)


Si donc l’évangéliste saint Marc a repris ce mot, c’était d’abord pour signifier au monde que le salut que les empereurs romains prétendaient à tort instaurer, n’étant que des faux dieux totalement impuissants, devenait en fait réalité, et pas seulement discours, à travers la prédication de Jésus de Nazareth, lui qui est véritablement Fils de Dieu.


En tous cas, si la prédication de Jean constitue véritablement le Commencement de l’Évangile du Christ, sa Genèse, la prédication du Baptiste constitue, par conséquent, la première étape, la première réalisation, d’un événement « en passe de s’accomplir » et dont la signification mystérieuse nous sera pleinement manifestée en Jésus le Messie, par qui nous sont venues la grâce et la vérité…


Mais en quoi consiste, précisément, cette première étape vers la grâce du salut ?


Saint Marc nous le donne à comprendre, très simplement, en nous révélant le sens du baptême que Jean conférait aux foules. Et il nous le révèle à travers sa propre lecture croyante de l’Écriture, en citant, notamment, le même passage du prophète Isaïe que nous avons entendu en première lecture et dont les premiers mots étaient : « Consolez, consolez mon Peuple. […] Préparez le chemin du Seigneur. »


De la part du Seigneur, le baptême de Jean était donc, pour tous, un signe de consolation, un signe de miséricorde, destiné à provoquer les hommes à se convertir, c’est-à-dire à ouvrir leur cœur au Salut de Dieu en passe de se manifester à travers la personne et l’œuvre de Jésus de Nazareth.


Le baptême de Jean était certes un appel à la conversion mais en tant qu’il était d’abord, réellement, en lui-même, un signe de consolation, un signe de miséricorde, c’est-à-dire une initiative de Dieu qui vient à la rencontre de l’homme pécheur.


Autrement dit, à travers le récit qui vient de nous être fait, la prédication de Jean le Baptiste peut véritablement constituer, pour chacun d’entre nous, le Commencement d’une Bonne Nouvelle. Pour nous aussi, aujourd’hui, la prédication du Baptiste peut véritablement devenir un signe de miséricorde destiné à toucher nos cœurs et à nous tourner concrètement vers Dieu, avec droiture et vérité, particulièrement dans l’aveu individuel de nos fautes.


Tel est le message que nous délivre l’Église en ce deuxième dimanche de l’Avent.


AMEN