jeudi 20 novembre 2008

33e dimanche per annum - A

Chers frères et sœurs,

Une fois de plus, alors que l’année liturgique touche bientôt à sa fin, les textes de ce dimanche nous relatent comment nous devons nous comporter dans l’attente de la venue du Christ, dans l’attente de son retour Glorieux, depuis le jour de son Ascension.


Ainsi, à travers ce portrait élogieux de la femme idéale que nous avons entendu du Livre de la Sagesse, la première lecture nous donne à comprendre que nous avons, nous aussi, à entretenir la confiance du Seigneur en faisant valoir nos talents, nos compétences, quel que soit le domaine, d’ailleurs, domestique, civique ou pastoral, dans lequel nous pouvons exceller.


Et la parabole des talents que nous venons d’entendre, illustre, justement, combien notre participation à la Joie du Seigneur sera elle-même déterminée par la manière dont nous aurons au mieux exercé nos responsabilités en fonction de nos propres capacités.


Alors, regardons cette parabole de plus près…


Trois hommes ont respectivement reçu de leur maître : cinq, deux et un talent. Au temps de Jésus, un talent était un lingot d’argent équivalent à 6000 drachmes, soit le salaire d’un ouvrier durant vingt ans ! L’argent confié à chacun était donc une somme tout de même astronomique ! Ne soyons donc pas choqués si tous ne reçoivent pas la même somme. De la part du maître, ce n’est pas un manque de confiance envers l’un ou l’autre serviteur, mais seulement une sage disposition en fonction des compétences de chacun. Car cet argent, et le texte prend soin de le préciser : cet argent, chacun reçoit la mission de le faire fructifier en fonction de ses propres capacités. Nous avons là une première leçon : Dieu répartit ses dons avec sagesse pour n’obliger personne à l’impossible.


Notons, par ailleurs, que chacun reçoit la mission, durant l’absence du Maître, de faire valoir l’argent confié, mais pas nécessairement en espèces sonnantes et trébuchantes. Et si le Maître, à son retour, reproche au troisième serviteur de n’avoir pas au moins placé l’argent en banque, ce n’est pas pour encourager la spéculation boursière en tant que telle, mais bien pour souligner la paresse et la mauvaise foi du serviteur. Ce petit détail pourra peut-être nous paraître anodin mais il est important. Et c’est là qu’est la deuxième leçon de la parabole : De la même manière, en effet, que le Maître ne demande pas à ses serviteurs de faire fructifier son argent pour de l’argent, Dieu non plus, ne nous demande pas de faire fructifier pour eux-mêmes les biens qu’il nous prête, à commencer par ceux de la création. Si nous avons à faire valoir les biens que Dieu nous confie, c’est bien pour le bénéfice de toute la communauté humaine.


Et il en va de même, dans l’ordre de la grâce, pour le premier don que Dieu nous a fait : celui de la foi. C’est là la troisième leçon de la parabole, son sens spirituel le plus profond. Chacun de nous, en effet, en attendant le Retour du Seigneur, est en quelque sorte « obligé », par l’amour qui le presse et les promesses de son baptême, à faire valoir sa foi. À faire valoir sa foi en la célébrant (leitourgia), en l’enseignant (kerigma), en la vivant dans le service de la charité (diakonia). Cf. Dieu est Amour § 25.


Mais si, à l’exemple du troisième serviteur, nous pratiquons une pastorale de l’enfouissement, au mauvais sens du terme, autrement dit une pastorale où toute référence explicite à Dieu et aux exigences de l’Évangile est passée sous silence par crainte de rendre la foi chrétienne inacceptable pour d’autres, alors, nous nous méprenons sur Dieu et sur la confiance qu’il nous porte.


Et c’est bien cela, en dernier ressort, que le Maître de la parabole reproche au troisième serviteur : s’être fait une fausse image de lui, autrement dit une idole. N’avoir faussement perçu en lui qu’un Maître dur et tyrannique alors qu’à travers la somme énorme qui lui avait été confiée, il aurait dû percevoir un Dieu qui n’hésite pas à mettre sa confiance en l’homme. Aussi, ce serviteur, n’ayant rien fait pour faire valoir son talent, perd non seulement celui-ci en le rendant au Maître, mais plus encore, par sa propre faute, il se voit également enlever le capital de confiance que le Maître avait initialement placé en lui. Triste et douloureuse situation évoquée dans la finale de l’Évangile, destinée surtout à nous garder sobres et vigilants dans notre foi, comme saint Paul nous y exhortait dans la deuxième lecture.


Sobres, c’est-à-dire conscients de notre appartenance au Christ. Et vigilants, c’est-à-dire attentifs, dans le monde qui est le nôtre, à faire valoir notre foi de baptisé.


Bienheureux, alors, le serviteur, que son Maître, à son retour, trouvera dans de telles dispositions, car il participera avec abondance à la joie du Seigneur.


AMEN.

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