Chers frères et sœurs,
Comme vous pouvez le constater, la liturgie de ce dimanche, dans le cadre de l’Année Saint Paul, a exceptionnellement privilégié la fête de sa conversion (25 janvier) par rapport aux textes du 3e dimanche per annum, du temps dans l'année..
L’Année Saint Paul, voulue par le Saint Père à l’occasion du bimillénaire de la naissance de Saul de Tarse, a commencé le 29 juin 2008, jour où l’on célèbre les martyres des deux grands apôtres que furent Pierre et Paul, colonnes de l’Église. Mais la visée pastorale d’une telle commémoration dépasse bien entendu le cadre d’un simple anniversaire.
Fêter l’Année Saint Paul, autrement dit mettre en honneur la personne et l’œuvre de saint Paul durant toute une année, doit nous amener à nous interroger nous-mêmes sur le sens de notre apostolat dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui. Et une telle interrogation nécessite, par conséquent, de nous attarder sur la figure de saint Paul qui fut, par excellence, l’Apôtre des nations, autrement dit l’évangélisateur des peuples.
Ainsi, la question fondamentale qui doit, en quelque sorte, habiter nos esprits tout au long de cette année pastorale, n’est pas tant : « Qui était véritablement saint Paul » mais plutôt : « Qu’est-ce que l’exemple de saint Paul, aujourd’hui, pour la spiritualité et la fécondité de mon apostolat, dans le monde qui est le mien aujourd’hui, qu’est ce que l’exemple de saint Paul peut m’apporter d’essentiel, de fondamental ? »
La fête que nous célébrons aujourd’hui nous donne, précisément, quelques éléments de réponse parmi d’autres, ne serait-ce que l’exemple de son attachement au Christ.
À l’origine de l’apostolat de saint Paul, il y a, en effet, une profonde conversion au Seigneur, c’est-à-dire un véritable attachement au Christ. Et cette conversion, nous l’avons entendu au cours de la première lecture, s’enracine dans l’événement à jamais déterminant d’une rencontre personnelle avec le Seigneur. En ce sens, la conversion de saint Paul n’a pas été le fruit d’une décision morale par rapport à ce qu’il avait pu être ou faire jusqu’alors, mais elle a véritablement été le fruit d’une grâce divine, l’effet d’une soudaine irruption de l’amour de Dieu au cœur de sa vie. C’est ce que nous devons appeler le primat de la charité.
Quelles que soient nos techniques pastorales, aussi légitimes soient-elles, souvenons-nous que l’amour de Dieu précède toujours nos efforts, que la charité divine est véritablement l’âme de tout apostolat. Dit autrement, on ne devient pas apôtre du Christ en signant purement et simplement « lu et approuvé » au bas d’une lettre de mission. Encore faut-il vivre de la grâce et de l’amour du Christ, à l’exemple de saint Paul, lui qui disait aux Corinthiens : « C’est pour vous que l’amour du Christ nous presse » (cf. 2 Cor., 5, 14).
Notons, par ailleurs, que si la conversion et l’apostolat de saint Paul s’enracinent effectivement dans l’événement d’une rencontre personnelle avec le Christ, cette rencontre, précisément, se réalise à travers une expérience concrète de l’Église, entendue comme étant le Corps mystique du Christ. Saul de Tarse, en effet, bien que ne persécutant que des chrétiens, entend le Christ lui révéler : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » C’est dire que la fécondité apostolique de Paul auprès des païens est indiscutablement liée à un sens profond de l’Église, à une vision de l’Église que nous avons nous aussi à découvrir ou à redécouvrir.
Dans la conscience de Paul, en effet, entre le Christ et les chrétiens, existe un lien indissoluble, un mystère de solidarité et de communion. L’Église n’est donc pas l’amicale des admirateurs de Jésus dont il faudrait à tout prix entretenir la mémoire mais elle est véritablement le Corps mystique du Christ ressuscité, le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain (cf. Lumen Gentium 1).
Qu’à l’exemple de saint Paul, nous puissions, nous aussi, découvrir le sens profond de l’Église et vivre ainsi notre apostolat dans le primat de la grâce et de l’amour de Dieu.
AMEN.
dimanche 25 janvier 2009
mardi 13 janvier 2009
Baptême du Seigneur - B
Chers frères et soeurs,
Nous fêtons, aujourd’hui, le baptême du Christ et nous pouvons, légitimement, nous interroger sur le sens de cet événement. Pourquoi, le Christ, lui qui est le Saint de Dieu par excellence, a-t-il voulu recevoir le baptême que Jean proposait aux foules, autrement dit un rite pénitentiel ?
Étant sans péché, Jésus n’avait nul besoin, contrairement aux habitants de Jérusalem ou d’ailleurs, d’exprimer ainsi, auprès du Baptiste, un quelconque signe de repentir. Cherchons donc à comprendre…
En demandant un baptême de conversion, Jésus accepte de se laisser ainsi compter parmi les pécheurs. Par ce geste, il manifeste donc l’objet de sa mission, le pourquoi de sa venue en ce monde : faire solidairement corps avec les hommes afin de s’interposer entre eux et Dieu pour obtenir, au nom de sa sainteté à lui, la rémission de leurs péchés.
Ainsi, en acceptant de se laisser compter parmi les pécheurs, ce qui suscite, précisément, l’étonnement du baptiste, du moins dans la version que nous en a laissée l’Évangile de Matthieu, Jésus manifeste également quelque chose de son identité : il est celui qui accomplit l’oracle d’Isaïe qui, au sujet d’un mystérieux Serviteur, affirmait : « Avec les pécheurs, il s’est laissé recenser. » (Cf. Is., 53, 12.)
Le baptême de Jésus est donc un événement prophétique destiné à ouvrir les yeux et les oreilles de notre foi sur le mystère de sa filiation divine, attestée, précisément, à travers la voix du Père et la descente de l’Esprit-Saint.
Mais son baptême est aussi un geste qui manifeste, publiquement, aux yeux de tous, que Jésus est bien le Messie, le Serviteur souffrant, le Rédempteur de l’homme dont les Écritures avaient prophétisé la venue. Il est le Nouvel Adam, celui qui ouvre les cieux que le premier Adam avait fermés.
Sans vouloir particulièrement faire un jeu de mots, je dirai qu’en demandant le baptême de Jean, Jésus nous manifeste, en quelque sorte, qu’il se mouillera lui-même jusqu’au cou pour nous sauver.
Sommes-nous suffisamment conscients de cela ? Sommes-nous nous-mêmes prêts, en vertu de notre propre baptême, en vertu de notre propre filiation divine, à nous mouiller nous aussi pour ceux que nous aimons ?
AMEN.
Nous fêtons, aujourd’hui, le baptême du Christ et nous pouvons, légitimement, nous interroger sur le sens de cet événement. Pourquoi, le Christ, lui qui est le Saint de Dieu par excellence, a-t-il voulu recevoir le baptême que Jean proposait aux foules, autrement dit un rite pénitentiel ?
Étant sans péché, Jésus n’avait nul besoin, contrairement aux habitants de Jérusalem ou d’ailleurs, d’exprimer ainsi, auprès du Baptiste, un quelconque signe de repentir. Cherchons donc à comprendre…
En demandant un baptême de conversion, Jésus accepte de se laisser ainsi compter parmi les pécheurs. Par ce geste, il manifeste donc l’objet de sa mission, le pourquoi de sa venue en ce monde : faire solidairement corps avec les hommes afin de s’interposer entre eux et Dieu pour obtenir, au nom de sa sainteté à lui, la rémission de leurs péchés.
Ainsi, en acceptant de se laisser compter parmi les pécheurs, ce qui suscite, précisément, l’étonnement du baptiste, du moins dans la version que nous en a laissée l’Évangile de Matthieu, Jésus manifeste également quelque chose de son identité : il est celui qui accomplit l’oracle d’Isaïe qui, au sujet d’un mystérieux Serviteur, affirmait : « Avec les pécheurs, il s’est laissé recenser. » (Cf. Is., 53, 12.)
Le baptême de Jésus est donc un événement prophétique destiné à ouvrir les yeux et les oreilles de notre foi sur le mystère de sa filiation divine, attestée, précisément, à travers la voix du Père et la descente de l’Esprit-Saint.
Mais son baptême est aussi un geste qui manifeste, publiquement, aux yeux de tous, que Jésus est bien le Messie, le Serviteur souffrant, le Rédempteur de l’homme dont les Écritures avaient prophétisé la venue. Il est le Nouvel Adam, celui qui ouvre les cieux que le premier Adam avait fermés.
Sans vouloir particulièrement faire un jeu de mots, je dirai qu’en demandant le baptême de Jean, Jésus nous manifeste, en quelque sorte, qu’il se mouillera lui-même jusqu’au cou pour nous sauver.
Sommes-nous suffisamment conscients de cela ? Sommes-nous nous-mêmes prêts, en vertu de notre propre baptême, en vertu de notre propre filiation divine, à nous mouiller nous aussi pour ceux que nous aimons ?
AMEN.
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